Le Top 10 des entrées dans le Top 100 fait la part belle aux découvertes de jeunes talents. Et il y a parmi eux quatre « teenagers » (deux chez les garçons, deux chez les filles) qui ont d’ailleurs les armes pour devenir les champions du circuit de la décennie 2020. Mais d’autres joueurs ou joueuses moins précoces méritent d’être découverts.
Hommes : Felix Auger-Aliassime (CAN, 19 ans, 108e -> 21e) : L’ascension de Felix Auger-Aliassime ne connait aucun contretemps. Vainqueur de l’US Open junior il y a trois ans, alors qu’il venait juste de souffler 16 bougies, il remporte déjà son premier titre Future cette saison-là. Après deux victoires en « Challenger » en 2017, il intègre déjà le Top 200 à la fin de sa première saison complète chez les adultes. En 2018, il remporte son premier match sur le circuit ATP à Indian Wells puis bat son premier Top 20 durant l’été avant de participer à son premier Grand-Chelem à l’US Open. Le Canadien se retrouve donc déjà aux portes du Top 100 début 2019. Il doit néanmoins passer par les qualifications à Pune, où il atteint le tableau final mais perd contre Ivo Karlovic, puis à l’Open d’Australie où il ne parvient pas à en sortir. C’est sur la terre-battue de Rio de Janeiro qu’il réalise son premier exploit. Il bat Fabio Fognini au premier tour et poursuit sa route jusqu’en finale où il s’incline face à Laslo Djere. A 18 ans et demi, Félix devient le plus jeune joueur à disputer la finale d’un « ATP 500 ». Il est aussi le premier joueur né après l’an 2000 à faire son entrée dans le Top 100. Il poursuit en atteignant les quarts à Sao Paolo puis en battant Stefanos Tsitsipas, son premier Top 10, à Indian Wells. Pas rassasié, il sort des qualifications à Miami et bat entre autres Borna Coric pour se hisser en demi-finale. John Isner mettra fin à son parcours en deux tie-breaks. Sur terre, Auger-Aliassime passe un tour à Monte-Carlo, Barcelone et Madrid, seulement sorti par Alexander Zverev, Kei Nishikori et Rafael Nadal respectivement. Battu d’entrée à Rome, il se hisse en finale du tournoi de Lyon où il s’incline face à Benoit Paire. Une blessure aux adducteurs le contraint néanmoins au forfait pour Roland-Garros. Il revient toutefois très fort sur gazon où il dispute une troisième finale à Stuttgart (il s’incline face à Matteo Berrettini) avant de se hisser en demi au Queen’s (après des victoires sur Nick Kyrgios et de nouveau Tsitsipas). A Wimbledon, le Canadien remporte ses deux premiers matchs en Grand-Chelem. Il passe encore deux tours à Washington et à Montréal puis connait une passe plus difficile avec des défaites d’entrée à Cincinnati et à l’US Open où il est balayé par son ami Denis Shapovalov. Sa tournée asiatique n’est pas non plus très fructueuse avec deux succès seulement en trois épreuves. Le Québécois renonce ensuite aux derniers tournois indoors en Europe en raison d’une blessure à la cheville. Il rate donc le Masters « Next Gen » où il aurait dû être l’un des grands favoris. Toujours blessé, il est tout de même sélectionné dans l’Equipe Canadienne qui parvient en finale de la nouvelle « World Team Cup ». Il dispute même un match lors de cette finale mais s’incline contre Roberto Bautista Agut. On le voit, l’ascension fulgurante de Felix Auger-Aliassime est aussi accompagnée de pas mal de petits pépins physiques. Il lui faudra gérer son corps pour passer à l’étape suivante : Le Top 10. Jo-Wilfried Tsonga (FRA, 34 ans, 239e -> 29e) : Pour notre deuxième entrée de l’année, il s’agit bien évidemment d’un retour. Le parcours de Jo-Wilfried Tsonga est bien connu, depuis sa finale à l’Open d’Australie 2008 qui l’a propulsé sur le devant de la scène, puis ses deux titres en « Masters 1000 » et ses cinq autres demis en Grand-Chelem qui lui ont permis de se maintenir entre la cinquième et la vingtième place presque sans interruption pendant 10 ans. Il se blesse au genou au début de la saison 2018 et sombre alors au classement. Redescendu au-delà du Top 200, Jo-Wilfried bénéficie d’un classement protégé pour disputer la tournée australienne. Il se hisse d’entrée en demi-finale à Brisbane en se défaisant du très prometteur Australien Alex De Minaur. A Melbourne, il passe le cap du premier tour mais est battu en trois sets par Novak Djokovic. Son retour se confirme à Montpellier, où il remporte le 17e titre de sa carrière, même s’il ne doit affronter aucun joueur du Top 30. Il atteint encore les quarts de finale à Rotterdam mais s’incline d’entrée à Marseille. Le Français s’octroie ensuite quelques semaines de repos avant de revenir à Miami où il est battu en qualifs. Sur la terre-battue de Marrakech, il se hisse à nouveau en demi. Souffrant légèrement du dos, il abandonne au premier tour de Monte-Carlo puis perd au premier tour à Rome. Entre les deux, un quart au Challenger de Bordeaux lui permet de réintégrer le Top 100 avant un nouveau quart à Lyon. A Roland-Garros, Tsonga passe un tour puis s’incline en quatre sets face à Kei Nishikori. Il réalise une bonne tournée sur gazon où il n’est pattu que de justesse par Milos Raonic et Roger Federer aux deuxièmes tours à Stuttgart et à Halle. A Wimbledon, il se hisse au troisième tour mais est largement dominé par Rafael Nadal. A Washington, il bat Karen Khachanov, son premier Top 10 depuis octobre 2017. La suite de son été est moins bonne puisqu’il perd d’entrée à Montréal et à l’US Open où il avait pourtant mené deux manches à zéro face à Tennys Sandgren. Le Manceau se refait à nouveau une santé sur le circuit « Challenger » en s’imposant à Cassis, sans perdre un set. Dans la foulée, il remporte son 18e titre ATP à Metz, le 10e sur le sol français et le quatrième dans le tournoi lorrain. Il atteint encore une demi-finale au « Challenger » d’Orléans puis passe un tour à Anvers. A Paris, il vient à bout d’Andrey Rublev et domine Matteo Berrettini pour se hisser en quart de finale d’un « Masters 1000 » pour la première fois depuis trois ans. Agé de 34 ans, Jo-Wilfried Tsonga est donc de retour dans le Top 30 en cette fin de saison. Et il veut croire en ses chances de briller encore au plus haut niveau, malgré les blessures et les problèmes de santé qui ne l’ont jamais lâché tout au long de sa carrière. Daniel Evans (GBR, 29 ans, 192e -> 42e) : Le parcours de Daniel Evans est pour le moins atypique. Top 10 junior début 2008, il intègre le Top 300 et même l’équipe britannique de Coupe Davis un an plus tard. Mais il ne parvient pas à percer et sa carrière connait des hauts (une victoire sur Kei Nishikori à l’US Open 2013) et surtout de nombreux bas. Il faut attendre 2016 pour le voir enfin faire son entrée dans le Top 100 et atteindre même la 41e place un an plus tard. Suite à un contrôle positif à… la cocaïne, il est alors suspendu douze mois et sort du classement à la fin de l’hiver 2018. Daniel recommence donc au plus bas de l’échelle mais, grâce à une victoire et une finale en « Challenger », il est à nouveau dans le Top 200 au bout de six mois. A l’Open d’Australie, il doit encore passer les qualifications mais il en sort et franchit le premier tour avant de perdre en trois sets contre Roger Federer. Il dispute encore un « Challenger » à Quimper et se hisse en finale. A Delray Beach, il sort à nouveau des qualifications puis bat Frances Tiafoe et surtout John Isner (son premier Top 10) pour se hisser en finale. Le Britannique s’y incline 9/7 au tie-break du dernier set contre Radu Albot mais cet enchainement de cette deuxième finale ATP (après Sydney en 2017) et d’une demi au « Challenger » d’Indian Wells lui permet de revenir dans le Top 100. Il sort encore des qualifs lors des deux « Masters 1000 » américains et gagne même un match dans le tableau final à Miami. Moins à l’aise sur terre-battue, Evans ne parvient à sortir des qualifications qu’à Rome mais perd ensuite au premier tour. A Roland-Garros, il est battu d’entrée par Fernando Verdasco. Le gazon lui convient mieux et il remporte coup sur coup les « Challengers » de Surbiton et de Nottingham. Battu par Stan Wawrinka au premier tour du Quenn’s, il se hisse en quart à Eastbourne puis au troisième tour de Wimbledon où il est battu en cinq sets par Joao Sousa. Durant l’été, le Britannique atteint un nouveau quart à Atlanta et bat Alex De Minaur à Montréal. Par contre, il est battu d’entrée à Washington et à Winston Salem ainsi que dans les qualifs de Cincinnati. Pour sa troisième participation à l’US Open, après 2013 et 2016, il atteint… une troisième fois le troisième tour. Il y est toutefois largement dominé par Roger Federer. Lors de la tournée asiatique, il passe un tour à Chengdu et à Pékin mais est battu d’entrée à Shanghai. De retour en Europe, Daniel Evans est battu au deuxième tour à Stockholm et au premier à Bâle. En raison des blessures récurrentes depuis deux saisons d’Andy Murray et de Kyle Edmund, c’est lui le n°1 de l’équipe britannique en « World Team Cup ». Cette position compliquée ne l’empêche pas de remporter un match important pour qualifier son pays en demi. Aujourd’hui oubliées ses « bêtises » passées, le voilà de retour à son meilleur classement. Et bien décidé à enfin mettre à profit son talent. Alexander Bublik (KAZ, 22 ans, 162e -> 56e) : Né en Russie, Alexander Bublik décide de représenter le Kazakhstan en 2016, comme beaucoup de ses compatriotes. La page wikipédia sur le tennis kazakhe renseigne en effet 9 joueurs dont seulement un est né dans ce pays (2 sur 8 chez les filles). Dix-neuvième mondial chez les juniors à 17 ans, Alexander stagne plusieurs années aux alentours du Top 100, malgré un premier coup d’éclat à l’Open d’Australie 2017 où il domine Lucas Pouille, alors 16e à l’ATP. Il faut attendre cette saison pour le voir éclore au plus haut niveau, malgré un mois de janvier assez faible. Il perd en effet au premier tour d’un Challenger en Australie avant de s’incliner d’entrée dans les qualifs à Melbourne. Début février, il signe une victoire dans un « Challenger » plutôt faible à Budapest avant de subir deux nouvelles défaites à ce niveau. Il remporte un deuxième « Challenger » à Pau puis sort des qualifications à Miami avant de franchir le premier tour dans le tableau final. Début avril, le Kazakhe signe un troisième succès en « Challenger » à Monterrey ce qui lui permet de faire son entrée dans le Top 100 et d’obtenir son ticket pour le tableau final de Roland-Garros. Plutôt inconstant pendant la saison sur terre, il parvient tout de même à franchir un tour à Paris avant de prendre un set au futur finaliste Dominic Thiem. La saison sur gazon de Bublik est d’abord assez terne avec des éliminations en qualifs à Stuttgart et Eastbourne et au premier tour au Queen’s et à Wimbledon. Pourtant, il est à l’aise sur cette surface et le prouve en atteignant sa première finale ATP au tournoi de Newport, seulement battu par John Isner. Le mois qui suit est plutôt faible avec un seul match remporté à Washington mais des éliminations d’entrée à Atlanta, Montréal, Cincinnati et Winston-Salem. Alexander réalise néanmoins son meilleur parcours en Grand-Chelem lors de l’US Open puisqu’il se hisse au troisième tour. Sa tournée asiatique débute avec une nouvelle finale, à Chengdu, avec au passage une victoire face à Grigor Dimitrov. Il ne s’incline qu’au tie-break du dernier set face à Pabblo Carreno Busta. Le reste de son automne est plus faible avec plusieurs éliminations en qualifications. Si vous ne connaissez pas encore Alexander Bublik, filez vite voir les vidéos qui lui sont consacrées sur youtube, elles sont légions. Le jeune Kazakhe souvent comparé à Nick Kyrgios, multiplie les « tweener », les services à la cuillère et autre coups de pattes géniaux. Avec en plus un caractère bien trempé, il est l’un des joueurs les plus spectaculaires de la nouvelle génération.
Et en parlant de talent, comment ne pas être élogieux devant celui de Jannik Sinner. Né il y a dix-huit ans à San Candido, une station de ski des Dolomites située à quelques kilomètres de l’Autriche (d’où le nom germanique), l’Italien brûle toutes les étapes et est de très loin le plus jeune joueur du Top 100. Plutôt orienté vers les sports d’hiver durant son enfance, il pratiquait le tennis en été comme un simple hobby avant de s’y consacrer totalement il y a cinq ans seulement. Il n’a disputé qu’une poignée d’épreuve sur le circuit « Tenniseurope », sans jamais remporter plus de deux matchs d’affilée, avant de se consacrer aux U18 à partir de l’été 2016. Sur ce circuit, Jannik gagnera un Grade 4 et terminera par un quart de finale au Grade A de Milan il y a à peine un an et demi. Mais là aussi, il ne sera pas classé dans le Top 100. Il effectue ses premières apparitions sur le circuit adulte dès 2015 mais sans jamais sortir des qualifications en six épreuves avant 2018. Après une finale et deux quarts de finale, ainsi que quelques apparitions lors de « Challengers » dans son pays, l’Italien se rapproche du Top 500 en fin d’année. Il dispute encore plusieurs « Futures » en janvier mais le vrai déclic a lieu lors du « Challenger » de Bergame en battant cinq joueurs du Top 300 alors qu’il ne comptait aucune victoire sur de tels joueurs jusque-là. Il enchaine avec deux succès lors de « Futures » M25 en mars puis dispute son premier tournoi ATP à Budapest. Repêché des qualifications, il franchit le premier tour avant de s’incliner contre Laslo Djere. Après une nouvelle finale en « Challenger », à Ostrava, Sinner est invité lors du « Masters 1000 » de Rome et bat son premier Top 100 Steve Johnson avant de céder face à Stefanos Tsitsipas. Il dispute ses premières qualifications de Grand-Chelem à Wimbledon mais est battu d’entrée. Durant l’été, il franchit encore un tour à Umag puis s’impose lors du « Challenger » de Lexington. A l’US Open, il sort des qualifications et offre une très belle résistance à Stan Wawrinka. Les organisateurs du tournoi d’Anvers ont le nez fin en octroyant une wild-card à l’Italien qu’il met à profit en battant Gaël Monfils, 13e mondial, et Frances Tiafoe pour se hisser en demi-finale. Cette performance lui permet de faire son entrée dans le Top 100. Après avoir encore franchi un tour à Vienne, il prend part au Masters « Next Gen » en tant que dernier entrant suite aux forfaits de plusieurs favoris. Et face à la crème de sa génération, il s’impose en battant à nouveau Tiafoe et surtout Alex De Minaur en finale. Il conclut sa saison par un dernier « Challenger » à Ortisei où il remporte un troisième titre à ce niveau. Dans le style, Jannik Sinner n’est pas sans rappeler un certain Andy Murray au même âge. Même silhouette dégingandée, même punch du fond du court (avec un incroyable revers à deux mains). Le tennis italien est en plein boom avec huit joueurs qui terminent dans le Top 100, dont deux parmi les douze premiers. Avec Jannik, ils pourraient bien avoir trouvé un futur cador du circuit. Femmes : Karolina Muchova (TCH, 23 ans, 144e -> 21e) : L’école tchèque, en particulier pour le tennis féminin, devrait inspirer pas mal de fédérations européennes et en particulier l’AFT qui peine à amener des joueuses francophones dans le Top 100 (trois seulement en plus de 40 ans !). Huit joueuses de ce pays proche de la Belgique en taille et en population font aujourd’hui partie de ce cercle, dont trois dans le Top 20. Et on peut rappeler son passé prestigieux avec 11 titres en Fed Cup et 25 tournois du Grand-Chelem remportés en simple par les joueuses issues de ce pays (et 90 en double et en mixte !). Pour autant, l’arrivée dans le Top 30 de Karolina Muchova a surpris tout le monde. Cette joueuse ne faisait pas partie des meilleures joueuses de son pays chez les jeunes et n’a même jamais été classée chez les juniors. Elle débute sur le circuit pro en 2013 mais, hormis un premier titre dans un petit $10.000 l’année suivante, elle n’a pas connu beaucoup de résultats probants avant 2016. A partir de cette année-là, elle s’installe aux alentours de la 200e place et grimpe même dans le Top 150 à la faveur d’une bonne fin de saison 2018. Alors qu’elle vient de fêter ses 22 ans, la Tchèque se hisse dans le tableau final de l’US Open puis parvient à battre Garbiñe Muguruza pour rejoindre le troisième tour. Elle doit encore passer par les qualifications des tournois WTA en début de saison et en sort à l’Open d’Australie, à Doha (où elle ne s’arrête qu’en quart) et à Miami. Mais c’est suite à sa première finale à Prague au printemps, dans un tableau assez dégagé il faut le dire, que Karolina fait son entrée dans le Top 100. Après avoir encore franchi un tour à Roland-Garros, elle explose réellement à Wimbledon. Elle se hisse en huitième de finale sans faire trop de bruit puis y prend le dessus sur Karolina Pliskova lors d’un combat de plus de trois heures conclu 13/11 au dernier set. En quart, elle accroche encore sérieusement Elina Svitolina. Après avoir de nouveau atteint le troisième tour à New-York, battue par Serena Williams, la Tchèque termine la saison en fanfare avec son premier titre remporté à Séoul. Elle dispute encore deux demi-finales, d’abord à Moscou puis lors du Masters bis de Zhuhai dont elle fut la dernière entrante. Du fait de cette progression aussi soudaine que tardive, Karolina Muchova (prononcez « Moukova ») reste assez inconnue du grand public. Le peu qu’on sait de cette jeune fille est qu’elle vient d’une famille de sportif puisque son papa était footballeur professionnel. Il fut l’un des cadres du Sigma Olomuc avec 200 matchs joués à la fin des années 90. On en apprendra plus certainement car elle possède un jeu complet avec un revers qu’elle peut frapper à deux mains ou slicer avec la même efficacité. Elle n’hésite pas non plus à monter au filet où elle démontre un joli touché, dans la plus pure lignée des grandes attaquantes tchèques des années 80. Elena Rybakina (KAZ, 20 ans, 182e -> 36e) : La progression de la Kazakhe (d’origine russe) Elena Rybakina était autrement plus attendue. Elle qui s’entraine depuis toute petite au grand club formateur du Spartak Moscou, notamment avec Andrei Chesnokov, a toujours fait partie des meilleures joueuses russes dans les épreuves de jeunes. Elle termine sa carrière chez les juniors à la 3e place mondiale et apporte le titre de « championnes d’Europe par équipe » à la Russie en 2017. Cette année-là, elle terminait déjà dans le Top 500 à la WTA. Depuis, la progression d’Elena a été fulgurante puisqu’elle terminait dans le Top 100 un an plus tard puis dans le Top 40 aujourd’hui. Elle fait parler d’elle pour la première fois lors du tournoi de St Petersbourg, en février 2018, lors duquel elle sort des qualifications et bat Caroline Garcia au tie-break du dernier set pour se hisser en quart de finale. En juillet, elle choisit de jouer pour le Kazakhstan qui lui offre un suivi financier nettement plus intéressant. Elle joue essentiellement sur le circuit ITF tout le restant de l’année. Et c’est encore par un $25.000 en Australie qu’elle débute la saison 2019. Elle y atteint la finale mais s’incline ensuite d’entrée lors des qualifications à Melbourne. Elle reste tout de même en Océanie pour remporter un W60 à Launceston puis gagne deux W25 en Russie en mars. Ses résultats lui permettent de confirmer les points remportés à St Petersbourg un an plus tôt. En avril, Rybakina sort des qualifications du tournoi WTA d’Istanbul et poursuit son parcours jusqu’en quart de finale. Elle sort également du tableau préliminaire de Roland-Garros et dispute donc son tout premier tableau final en Grand-Chelem où elle s’incline contre Katerina Siniakova. A nouveau qualifiée à s’Hertogenbosch, elle bat Alison Van Uytvanck et Kirsten Flipkens pour atteindre sa première demi-finale. Après une élimination au dernier tour des qualifs de Wimbledon, la néo-Kazakhe retourne à la terre-battue et remporte son premier titre WTA à Bucarest. Cette victoire lui permet de faire son entrée dans le Top 100. Elle est tout de même encore contrainte de passer par les qualifications de l’US Open, en sort, et s’incline en deux sets contre Karolina Muchova.
A défaut, la fédération russe pourra se reposer sur une autre jeune joueuse en pleine progression : Veronika Kudermetova. Née à Kazan, elle a été plus précoce que Rybakina, obtenant ses meilleurs résultats en junior avant ses 16 ans avant de se consacrer entièrement au circuit pro. Elle fut notamment membre de l’équipe qui remporta la « Junior Fed Cup » (championnat du monde U16) en 2013, aux côtés de Daria Kasatkina. Pourtant, sa progression au classement WTA fut assez lente. Veronika remporte un premier ITF de $10.000 en mars 2014. Un mois avant, en conflit avec ses joueuses professionnelles, la Fédération russe décide d’emmener une équipe de junior pour affronter l’Australie en Fed Cup. Elle fait partie du voyage et s’incline en deux sets face à Samantha Stosur le premier jour. Cette expérience ne va pas vraiment la révéler puisque, hormis quelques épreuves plus relevées en Russie, elle va essentiellement disputer des $25.000 durant les deux années suivantes. A partir de 2016, elle passe à des épreuves plus relevées mais il faut attendre le printemps 2018 pour qu’elle atteigne son premier tableau final WTA à Stuttgart. La Russe y bat même Carla Suarez Navarro et résiste bien à Karolina Pliskova. Elle atteint deux autres quarts de finale WTA cette année-là. Elle débute 2019 également avec un quart (à Shenzhen). A l’Open d’Australie, elle parvient à sortir des qualifications mais s’incline 7/5 au dernier set face à Sofia Kenin pour son premier tableau final en Grand-Chelem. Kudermetova fait son entrée dans le Top 100 après avoir franchi le premier tour à St Petersbourg. A Indian Wells et Miami, elle est battue en qualifs mais elle profite de la semaine entre les deux pour remporter son premier WTA 125 à Guadalajara. Sa saison sur terre est à peu près semblable puisqu’elle aligne les quarts de finale dans des tournois mineurs, à Lugano, Istanbul et Nuremberg mais perd en qualifs à Madrid et à Rome. La Russe crée tout de même la surprise à Roland-Garros où elle domine Caroline Wozniacki au premier tour et ne s’incline qu’au troisième et en trois sets contre Kaia Kanepi. Elle enchaine avec une demi-finale à s’Hertogenbosch où elle ne perd qu’au tie-break du dernier set face à la future gagnante Alison Riske. Elle passe encore le premier tour à Wimbledon mais Wozniacki prend sa revanche au second. Après un été moins bon, elle est battue d’entrée à l’US Open par l’invitée américaine Francesca Di Lorenzo. Son automne est bien meilleur puisqu’elle se hisse en demi-finale à Hiroshima et en huitième à Wuhan en battant Belinda Bencic. Elle atteint encore le dernier carré à Tianjin puis, devant son public de Moscou, Veronika Kudermetova signe sa première victoire sur une Top 10 en la personne d’Elina Svitolina. En double, elle semble être plutôt efficace également. Elle a remporté son premier tournoi WTA dans cette discipline à Wuhan, dominant en finale Elise Mertens et Aryna Sabalenka qui venaient de remporter l’US Open. Iga Swiatek (POL, 18 ans, 186e -> 60e) : La quatrième joueuse de notre sélection est également très prometteuse. Elle faisait d’ailleurs partie de notre sélection junior l’an dernier (cf Les 10 meilleurs juniors 2018). Iga Swiatek remportait déjà ses premiers tournois juniors à 13 ans et a marqué un grand coup l’an dernier en remportant Wimbledon en simple chez les U18, ainsi que Roland-Garros et les jeux Olympique de la jeunesse en double. En parallèle, la Polonaise brûlait les étapes sur le circuit pro pour s’installer dans le Top 200 en moins de deux ans, malgré une sérieuse blessure à la cheville qui l’a tenue éloignée des courts pendant sept mois. Après un premier titre en $10.000 fin 2016, elle en remporte deux l’année suivante puis s’impose lors de quatre ITF en 2018, dont deux $60.000. Le tout en ne disputant que 10 tournois et avec un ratio de 42 victoires pour 6 défaites (dont une sur abandon). Mais il faut attendre 2019 pour voir Iga disputer ses premières épreuves sur le grand circuit. Elle perd tout d’abord en qualifs à Auckland mais rejoint le tableau final de l’Open d’Australie et franchit même le premier tour face à Ana Bogdan. Elle réalise encore la même performance à Budapest où elle ne cède qu’en deux sets serrés face à Alison Van Uytvanck. A Indian Wells et à Miami, elle perd au deuxième tour des qualifs (face à Ysaline Bonaventure en Californie) mais en ayant battu des Tops 100 au premier tour. Swiatek fait elle-même son entrée dans le Top 100 à la suite de sa première finale WTA disputée à Lugano. En Suisse, elle bat sa première Top 50 (Viktoria Kuzmova) et ne s’incline qu’en trois sets contre Polona Hercog. Elle se hisse encore dans le grand tableau à Prague (battue par Karolina Muchova) avant de prendre la route de Roland-Garros. Lors du Grand-Chelem parisien, la Polonaise domine la 16e mondiale Qiang Wang, puis la championne olympique Monica Puig pour se hisser en huitième de finale. Même si Simona Halep ne lui laisse qu’un seul jeu, atteindre la deuxième semaine d’un Grand-Chelem à son cinquième tableau final du grand circuit seulement est un bel exploit. Elle enchaine en se qualifiant encore pour le grand tableau à Birmingham mais elle s’incline d’entrée à Wimbledon, face à Viktorija Golubic. Après un tour passé à Washington, elle se hisse dans le tableau final à Toronto et vient à bout de Caroline Wozniacki dans un match de très haut vol. Seule la n°2 mondiale Naomi Osaka parvient à la battre en deux sets serrés au troisième tour. Iga Swiatek encore Caroline Garcia à Cincinnati puis passe un tour à l’US Open et ne s’y incline qu’en trois sets face à Anastasija Sevastova, 11e mondiale. Suite à une nouvelle blessure au pied, elle décide de ne plus disputer d’autres tournois et de bien se préparer pour la tournée australienne. Avec ses belles qualités athlétiques et son gros coup droit, la Polonaise fera certainement beaucoup parler d’elle en 2020. Cori Gauff (USA, 15 ans, 686e -> 68e) : Du haut de ses 15 ans, Cori Gauff a percé au plus haut niveau cette année déjà. En fait, sa précocité m’a pris de court. Vu son très jeune âge, j’ai préféré ne pas encore parler d’elle dans ma rétrospective des juniors 2018, persuadé que je le ferais cette année. Mais elle a tellement explosé les étapes qu’elle fait déjà partie du Top 100. Plus question de la comparer aux meilleures juniors aujourd’hui alors qu’elle joue déjà dans la cour des grandes. C’est à l’US Open 2017 que « Coco » (comme elle se fait appeler) fait parler d’elle pour la première fois. Elle se hisse en finale du tournoi junior à seulement 13 ans. Elle s’impose à Roland-Garros l’année suivante, devenant la cinquième plus jeune gagnante d’un Grand-Chelem U18, derrière Martina Hingis (qui avait remporté deux titres à cet âge), Jennifer Capriati et Gabriela Sabatini. Elle remporte également l’Orange Bowl en fin d’année mais ne dispute que quatre épreuves chez les adultes, dont les qualifications de l’US Open. L’Américaine débute 2019 encore par des ITF et un « WTA 125 », sans résultats franchement intéressants hormis une finale en W25. Elle obtient tout de même une invitation pour le « Premier Mandatory » de Miami et y bat une autre junior américaine Catherine McNally au premier tour. C’est Daria Kasatkina qui met un terme à son parcours. Durant le printemps, elle dispute encore des ITF et atteint deux quarts, en W100 et en W60. Elle dispute les qualifications de Roland-Garros mais est battue au deuxième tour. Invitée à disputer les qualifications de Wimbledon, Gauff en sort en battant sa première Top 100 ainsi que Greetje Minnen. Dans le grand tableau, elle s’octroie une victoire de prestige face à son idole Venus Williams, quintuple gagnante du tournoi. Elle domine encore Magdalena Rybarikova, ancienne demi-finaliste et ne cède qu’en huitième face à la future gagnante Simona Halep. Elle est alors la plus jeune joueuse à remporter un match en Grand-Chelem depuis Anna Kournikova à l’US Open 96 et la plus jeune à atteindre une deuxième semaine en « Major » depuis… Kournikova à l’US Open 96. Durant l’été, l’Américaine ne dispute que le tournoi de Washington (où elle perd au premier tour), puis l’US Open. A New-York, elle se hisse encore au troisième tour et s’incline face à la tenante du titre Naomi Osaka. En fin d’année, elle dispute encore le tournoi de Linz où elle est battue en qualifications. Repêchée, elle se fraye un chemin jusqu’en finale avec un premier succès sur une Top 10 (Kiki Bertens). Là, elle vient à bout en trois sets de Jelena Ostapenko et devient la plus jeune gagnante d’un tournoi WTA depuis Nicole Vaidisova à Vancouver en 2004. Cori Gauff est en fait la neuvième plus jeune gagnante de l’histoire. Très (trop) souvent comparée à Serena Williams, comme de nombreuses joueuses afro-américaines précoces avant elle, Coco est, il est vrai, également entraînée à l’Académie Mouratoglou qui l’avait découverte à 10 ans à peine. Si elle ne possède pas (encore) la force de frappe de sa glorieuse ainée, elle se déplace mieux et est bien plus adroite à la volée. Des armes qui pourraient lui ouvrir la voie d’une carrière aussi prestigieuse. |