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Les favoris pour Roland-Garros

 

 

En l’absence désormais confirmée de Rafael Nadal, Carlos Alcaraz sera le grand favori au titre à Roland-Garros. Vainqueur de quatre titres dont trois sur terre-battue depuis le début de l’année, le n°1 mondial tentera de garder la Coupe des Mousquetaires en Espagne. Côté féminin, le tableau est plus ouvert même si trois noms se détachent largement.

Malgré sa grosse désillusion à Rome où il s’est incliné contre le Hongrois Marozsan, 135e mondial, Carlos Alcaraz a débarqué à Paris avec le dossard de favori sur les épaules. Déjà parce qu’il vient de reprendre la première place. Mais aussi parce que son jeu qui alterne frappes de bûcheron et amorties ciselées est parfaitement adapté à la terre-battue. Son déplacement et son sens du jeu de défense devraient aussi faire merveille sur le Court Philippe Chatrier qui possède un recul qui n’existe nulle part ailleurs et dont Nadal a su tirer profit pendant tant d’années. Il y a douze mois, Alcaraz était aussi arrivé à Paris dans la peau de favori après un début de saison tonitruant et les états de santé fragiles de Rafa et Novak. 

Il s’était pourtant arrêté en quart et en quatre sets serrés contre un Alexander Zverev qui jouait son meilleur tennis à l’époque. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis. Carlos a notamment remporté son tout premier Grand-Chelem à New York et sait donc gérer la pression de ces grandes finales. Il a aussi réalisé un début d’année encore meilleur qu’en 2022 en s’imposant à Buenos Aires, à Indian Wells, à Barcelone et à Madrid. Absent tout le mois de janvier, il n’a connu que trois fois la défaite en 2023 dont cette élimination prématurée à Rome. Celle-ci pourrait d’ailleurs lui être plutôt bénéfique puisqu’elle lui a permis de prendre du repos et d’arriver à la Porte d’Auteuil avant ses concurrents.

Dont le principal sera Novak Djokovic. Le Serbe avait repris la première place mondiale fin janvier à la faveur de sa dixième victoire à l’Open d’Australie. Mais la suite de sa saison 2023 a été plus poussive à tel point qu’il n’est désormais plus que troisième. Toujours privé d’entrée sur le territoire américain, il n’a pas pu disputer les deux premiers ATP 1000 de la saison et son retour sur terre a été plutôt emprunté. Battu en huitième à Monte-Carlo et au deuxième tour à Banja Luka, il a même fait l’impasse sur le tournoi de Madrid avant un léger mieux à Rome où il ne s’est arrêté qu’en quart. En tout cas, ce récent recul lui coûte cher puisqu’il se retrouve dans la moitié de tableau d’Alcaraz. Mais on connaît le caractère de battant du Serbe qui, malgré ses 36 ans, reste très compliqué à battre en cinq sets.

Medvedev, le nouveau terrien

Le meilleur joueur de ce début de saison est pourtant Daniil Medvedev. Devenu n°1 mondial il y a quinze mois, notamment en raison de son premier titre en Grand-Chelem à l’US Open 2021, le Russe a connu une saison noire par la suite. Sa résurrection depuis le début de l’année est totale. Après une tournée australe encore timorée, il n’a perdu qu’un seul match en cinq tournois en février et en mars, c’était alors contre Alcaraz en finale d’Indian Wells. Pour le reste, il s’est imposé à Rotterdam, Doha, Dubai et Miami. Trois ATP 500 et un 1000. Habituellement moins à l’aise sur terre, il vient de frapper un grand coup en s’imposant à Rome. Cette victoire en Italie lui permet d’ailleurs de redevenir n°2 mondial et ainsi d’éviter de rencontrer Alcaraz avant la finale. Elle a surtout de quoi aiguiser son appétit à l’aube du Grand-Chelem qu’il pensait ne jamais pouvoir engloutir. 

Derrière ces trois-là, c’est Holger Rune qui semble le plus armé. Quart de finaliste surprise l’an dernier, il a explosé depuis en remportant notamment son premier ATP 1000 à Bercy. Très à l’aise sur terre, il a atteint les finales de Monte-Carlo et de Rome et s’est imposé à Munich. On a connu pire préparation. Si le caractère du jeune Danois ne fait pas l’unanimité, ni auprès de ses confrères, ni des spectateurs, son jeu n’a déjà plus grand chose à envier à celui d’Alcaraz. Nés à une semaine d'intervalle (Rune est le plus âgé), les deux prodiges ne se sont rencontrés qu’une seule fois, l’an dernier à Bercy, et l’Espagnol avait dû se retirer. On espère les voir s’opposer de nombreuses fois dans les années qui viennent.

Cinquième mondial, Stefanos Tsitsipas a quelques références à faire valoir sur terre, notamment sa finale à Roland-Garros en 2021 où il avait mené deux sets à zéro contre Djokovic. Il s’est également imposé deux fois à Monte-Carlo. Longtemps promis à un grand avenir, le Grec semble caler sur la dernière marche avant le sommet depuis deux ans déjà. Mentalement, il n’est peut-être pas encore prêt pour les grands titres. La même remarque vaut pour Andrey Rublev, très solide tout au long de l’année mais qui est toujours à la poursuite de sa première demi en Grand-Chelem. Son titre à Monte-Carlo peut tout de même lui permettre de débarquer à Paris avec quelques ambitions.

En 2022, Casper Ruud avait atteint sa première finale en Grand-Chelem sur les bords de la Seine, performance qu’il a réitéré à New-York trois mois plus tard. Ses résultats depuis sont par contre assez faibles. Sa récente victoire à Estoril et sa demi à Rome rappellent que la terre est de loin sa meilleure surface. Jannik Sinner souffle le chaud et le froid ces derniers mois. Après de bons résultats à la fin de l’hiver, il a connu quelques déboires physiques qui ne lui ont pas permis de maintenir ce niveau de jeu. Hormis ce Top 8, peu de joueurs semblent capables de créer des surprises. Seuls Taylor Fritz, Cameron Norrie, Karen Khachanov ou Borna Coric ont connu récemment des résultats qui leur permettent d’espérer bouleverser l’ordre établi.

Swiatek n’est plus seule

Il y a un an, Iga Swiatek planait loin au-dessus du circuit féminin. Elle était arrivée à Paris forte d’une série de 28 victoires consécutives et l’avait quittée avec sept succès de plus et une deuxième coupe Suzanne Lenglen sous le bras. Elle semblait alors totalement inarrêtable. Mais cette saison, la Polonaise est un peu tombée de son piédestal. Sans vraiment mal jouer puisqu’elle a tout de même remporté les titres à Doha et Stuttgart. Elle a toutefois coincé lors des plus grands rendez-vous, que ce soit à Melbourne ou dans les différents WTA 1000. Si elle reste archi-dominante face à la majorité des joueuses du circuit, il y en a deux qui lui posent désormais de sérieux problèmes.

A commencé par Elena Rybakina. La Kazakhe a surpris tout le monde en s’imposant à Wimbledon l’an dernier. Et contre toute attente également, elle a ensuite fait taire les critiques qui y voyaient alors un nouveau “One Hit Wonder” à la Ostapenko, Kenin ou plus récemment Raducanu. Depuis le début de la saison, elle s’est montrée particulièrement présente dans les grands événements, s’imposant à Indian Wells et Rome et atteignant les finales à l’Open d’Australie et Miami. Elle a surtout réussi à battre trois fois Swiatek en autant de confrontation (dont la dernière fois sur abandon, dans la capitale italienne). La Polonaise a donc de quoi craindre pour son titre, d’autant qu’elles pourraient s’affronter dès les demis.

Aryna Sabalenka sera sa deuxième adversaire principale. A 25 ans, la Biélorusse s’est ôté des épaules la pression du premier titre en Grand-Chelem en s’imposant lors du dernier Open d’Australie (contre Rybakina en finale). Elle a ensuite encore atteint la finale à Indian Wells (où la Kazakhe a pris sa revanche) avant de remporter le tournoi de Madrid au terme d’une superbe finale contre Iga Swiatek. Ces excellents résultats font de Sabalenka la n°1 mondiale virtuelle de 2023 puisqu’elle mène la danse au classement “Race”. Si elle peut parfois encore manquer de constance (sa victoire à Madrid a été suivie d’une sortie d’entrée à Rome), la Biélorusse a clairement franchi un cap dans sa carrière ces derniers mois.

On le sait, le circuit féminin est très versatile depuis plusieurs années. Même si elles se sont partagé la plupart des gros titres depuis janvier, ces trois favorites n’ont aucune assurance de se retrouver en finale dans deux semaines. Parmi celles qui peuvent les en empêcher, il y a bien sûr la quatrième de la “Race” et troisième mondiale Jessica Pegula. La révélation de 2022 s’est solidement installée dans le Top 5 mais ses résultats sur terre sont moins bons ce qui l’empêche d’être considérée comme une des favorites. Sa compatriote et partenaire de double Coco Gauff aura peut-être plus de chances. Elle ne s’est pas beaucoup montrée durant la préparation mais elle est tout de même la finaliste sortante. La Suissesse Belinda Bencic a réussi un très bon début de saison et, même si la terre n’est pas sa surface préférée, il faudra compter sur elle. Demi-finaliste à Madrid et à Rome, Veronika Kudermetova sera aussi très dangereuse.

Le public suivra évidemment de près Caroline Garcia, seule française tête de série dans les deux tableaux. Mais ses résultats sont très décevants depuis le début de l’année et certainement pas à la hauteur des espoirs que sa victoire au dernier Masters a fait naître. Ons Jabeur est également une “fan favorite” mais elle traîne une blessure qui l’a beaucoup handicapé ces derniers mois. Sur terre, le lift bondissant de Maria Sakkari peut aussi faire des dégâts même si la Grecque reste fragile mentalement. Petra Kvitova est plus à l’aise sur surface rapide mais elle a tout de même remporté trois fois le tournoi de Madrid et atteint deux demi à Roland-Garros. Le temps sec annoncé sur Paris la première semaine devrait l’avantager. Enfin, les anciennes gagnantes que sont Barbora Krejcikova et Jelena Ostapenko ont très bien débuté l’année et pourraient faire des dégâts sur les terres de leurs exploits passés.

Du côté de la jeune génération, on suivra de prêt la Chinoise Qinwen Zheng. La Chinoise s’était révélée lors de l’édition 2022 où elle s’était hissée en huitième avant de prendre un set à la future gagnante. Elle a bien progressé depuis et est désormais la deuxième plus jeune joueuse du Top 20 (après Gauff). Il sera également intéressant de voir en action la nouvelle génération venue de l’est. Les Tchèques Linda Noskova, Linda et Brenda Fruhvirtova et Sara Bejlek ou les Russes Diana Shnaider et Mirra Andreeva ont de 16 à 18 ans donc il est sans doute trop tôt pour rêver d’un titre pour elles. Mais elles pourraient déjà couper quelques têtes.

Les Chances belges

Le contingent belge sera plutôt maigre cette année avec seulement quatre représentants. Et le moins que l’on puisse dire est qu’aucun d’entre eux ne respire la confiance en ce moment. A l’image de David Goffin qui a connu plusieurs pépins physiques en ce début d’année et qui est en phase de reconstruction. C’est en Challenger qu’il a connu ses meilleurs résultats depuis janvier (victoire à Louvain-La-Neuve, demi à Aix-en-Provence) et il n’a battu qu’un seul Top 100 en 2023. Difficile donc de l’imaginer faire un grand parcours. D’autant que le tirage au sort lui oppose le solide Polonais Hubert Hurkacz (n°13) dès le premier tour.

On espère un peu plus d’Elise Mertens qui, malgré une chute au classement, est toujours tête de série. Ses résultats sont fluctuants cette année avec tout de même des huitièmes à Miami et Madrid. Elle peut sans doute au moins atteindre son habituel troisième tour où elle retrouverait Pegula. Ysaline Bonaventure a réalisé une superbe fin de saison 2022 et une première demi-finale WTA à Auckland en janvier. Mais elle se cherche un peu depuis avec des résultats en demi-teinte. Enfin Maryna Zanevska avait aussi plutôt bien démarré la saison avant qu’une blessure ne vienne la tracasser. Depuis mi-février, elle n’a plus remporté que deux matchs.

La satisfaction viendra sans doute plutôt du double où Sander Gille et Joran Vliegen seront de nouveau de la partie. Après une saison 2022 à oublier, ils semblent retrouver petit à petit leur meilleur niveau et pourront nourrir quelques espoirs. Côté féminin, il y aura pas moins de cinq participantes avec Elise Mertens (notre plus grande chance), Kirsten Flipkens, Greet Minnen, Kimberley Zimmermann et Maryna Zanevska. Ces deux dernières avaient atteint les quarts de finale l’an dernier et feront à nouveau équipe. Joachim Gérard, finaliste en 2020, tentera de remporter son troisième Grand-Chelem dans le tournoi en fauteuil. Enfin Alexander Blockx, n°1 mondial chez les juniors, peut nourrir quelques ambitions dans le tableau U18. Il y sera accompagné d’Emilien Demanet et d’Amelia Waligora.