Le Top 10 belge féminin

Le classement féminin belge a peu évolué cette année puisque quatre joueuses du Top 5 2021 sont encore parmi les cinq premières cette année. Une seule joueuse chute réellement, c’est Greet Minnen et c’est en raison d’une blessure. Par contre, plusieurs joueuses progressent et on note la première entrée de notre jeune pépite Sofia Costoulas. D’ailleurs, si la génération suivante semblait stagner il y a un an (le covid y étant pour beaucoup), elle semble désormais sur le point de prendre la relève. Il y a en effet six joueuses belges de 17 à 21 ans classées entre la 500e et la 1000e place à la WTA.

1.Elise Mertens (n°1 belge fin 2021, 27 ans, 21e → 29e) :

Comme David Goffin chez les garçons, Elise Mertens conserve le leadership sur le tennis féminin qu’elle détient depuis 2017 déjà. Elle entre dans le Top 20 dès l’année suivante grâce à une demi-finale à l’Open d’Australie, et parvient à se maintenir parmi les trente meilleures mondiales jusqu’en 2021. Cette année-là, elle démarre très fort en remportant un WTA 500 à Melbourne et en disputant une demi à Dubai et un quart à Madrid. A tel point que, si le classement n’avait pas été gelé en raison de la crise sanitaire, elle serait entrée dans le Top 10 à l’époque. Malheureusement, de petites blessures vont perturber la fin de sa saison qu’elle termine à la 21e place.

Elle démarre plutôt pas mal 2022 également. Battue par Daria Kasatkina au deuxième tour de Sydney, elle se hisse en huitièmes de finale de l’Open d’Australie pour la quatrième fois. Elise y est battue en trois sets serrés par Danielle Collins. Après un quart de finale à St Petersbourg (où elle ne s’incline que contre Maria Sakkari, elle perd d’entrée à Dubaï. Elle se reprend à Doha où elle ne cède qu’au troisième tour face à Anett Kontaveit. Mais la tournée de WTA 1000 américains est un désastre. A Indian Wells, elle est battue au troisième tour par la qualifiée Daria Saville. A Miami, elle est même éliminée d’entrée par la jeune prodige Linda Fruhvirtova. La Limbourgeois entame sa saison sur terre à Istanbul mais est contrainte à l’abandon dès le premier tour en raison d’une blessure à la jambe. Celle-ci va l’empêcher de disputer les tournois de Madrid et de Rome. De retour à Strasbourg, elle atteint encore un quart avant de se hisser en huitième de finale à Roland-Garros. Elle y est toutefois largement dominée par Coco Gauff. Son passage sur gazon est assez compliqué. Elle perd au deuxième tour à s’Hertogenbosch puis est éliminée d’entrée à Birmingham et à Eastbourne. Ca ne l’empêchera pas de faire une belle prestation à Wimbledon où elle se hisse également en huitième de finale. 

Elle n’y est battue qu’en deux sets très serrés par Ons Jabeur, la future finaliste. Malheureusement, ce résultat ne rapporte aucun point à Elise. Une nouvelle blessure à la cuisse vient ensuite perturber sa tournée nord-américaine. Moins mobile sur le terrain, elle enchaîne des défaites d’entrée à Washington et à Toronto puis atteint quand même un huitième de finale à Cincinnati en battant Karolina Pliskova. A l’US Open, elle est surprise dès le premier tour par la Roumaine Irina-Camelia Begu. Cette défaite met un terme à une statistique qui mettait en exergue la régularité de la Limbourgeoise. Elle n’avait en effet plus été battue avant le troisième tour d’un Grand-Chelem depuis cinq ans. Durant l’automne, elle sauve un peu sa fin de saison en remportant le WTA 250 de Monastir après une finale largement dominée contre Alizé Cornet. Elle perd par contre encore au deuxième tour à Tokyo et à Guadalajara, pour le dernier WTA 1000 de la saison. Mi-novembre, elle participe à la phase finale de la Fed Cup mais doit abandonner en raison d’une douleur à l’épaule. Elise fait également du double une de ses priorités et ses résultats dans cette discipline sont à nouveau très bons, malgré le changement de partenaire en début d’année. 

2.Alison Van Uytvanck (n°2 belge fin 2021, 28 ans, 58e → 72e) :

Entrée dans le Top 50 pour la première fois en 2015, Alison Van Uytvanck a connu pas mal de hauts et de bas depuis au gré de ses soucis de santé. Elle revient bien en 2018 et atteint même son meilleur classement (37e). Mais elle connaît ensuite une saison 2020 compliquée, à la fois en raison de la crise sanitaire et de problèmes respiratoires. Si elle relève la tête en 2021, de nouveaux pépins physiques l’ont à nouveau perturbée cette année, causant une nouvelle petite chute au classement. Elle reste néanmoins dans le Top 100 pour la sixième saison consécutive. 

La tournée australienne d’Alison ne se passe pas trop bien. Lors du WTA 250 de Melbourne, elle subit le retour en forme d’Amanda Anisimova qui la bat en trois sets serrés. A Adélaïde, elle rate de peu le cut du tableau final et est battue au dernier tour des qualifications. Elle se rend ensuite à l’Open d’Australie où elle passe le premier tour face à une qualifiée puis s’incline contre la Chinoise Qiang Wang en trois sets serrés. De retour en Europe, elle perd encore en trois manches contre Kaja Juvan à St Petersbourg. La Brabançonne se rend ensuite à Doha où elle passe un tour mais cède face à Jil Teichmann. A Lyon, elle remporte deux bons matchs avant de perdre 7/5 dans le dernier set de son quart de finale contre Caroline Garcia. Elle franchit encore un tour à Indian Wells mais est plus largement battue par Elena Rybakina au deuxième. Enfin, à Miami, elle est éliminée d’entrée par Marta Kostyuk. Ce début de saison n’est pas mauvais mais il aurait pu être bien meilleur. En huit défaites, elle a en effet perdu six fois en trois sets, dont cinq en prenant la première manche. 

Alison aurait normalement dû entamer sa tournée sur terre-battue à Istanbul mais elle déclare forfait au dernier moment. Elle évoque à nouveau une maladie comme raison à son absence sur le court. Celle-ci va se prolonger puisqu’elle ne revient que trois semaines plus tard, lors du WTA 125 de Karlsruhe où elle franchit un tour. A Roland-Garros, elle remporte un match suite à l’abandon d’Ann Li (qui menait pourtant d’un set) avant de perdre contre Coco Gauff. C’est sur gazon que la Brabançonne va connaître la meilleure partie de sa saison. Elle débute par une victoire lors du gros ITF de Surbiton avant de se hisser en quart de finale à s’Hertogenbosch. Aux Pays-Bas, elle ne perd qu’au tie-break final face à Aryna Sabalenka. Elle remporte ensuite un deuxième tournoi, le WTA 125 de Gaiba, avant de perdre à nouveau au jeu décisif du troisième contre Amanda Anisimova à Bad Hombourg. Arrivée en pleine confiance à Wimbledon, elle manque un peu sa chance en s’inclinant d’entrée contre Emma Raducanu.

Objectifs 2023 : Malheureusement, la deuxième partie de saison d’Alison Van Uytvanck s’apparente à un vrai calvaire. Elle se blesse au dos à Prague et doit abandonner. Elle ne revient que pour l’US Open où elle passe un tour mais doit à nouveau effectuer une pause pour se soigner. Elle n’effectue son retour qu’en toute fin de saison lors de la Billie Jean King Cup et pour deux WTA 125 où elle ne brille pas. La tournée australienne sera un bon test pour voir si elle a retrouvé un niveau suffisant pour revenir dans le Top 50.

3.Maryna Zanevska (n°4 belge fin 2021, 29 ans, 82e → 81e) :

La carrière de Maryna Zanevska aurait pu s’arrêter il y a trois ans. Ne parvenant pas à se débarrasser d’une blessure au pied persistante, elle avait plongé au classement et ne parvenait plus à s’en sortir financièrement. Idéalement, elle aurait eu besoin de s’arrêter pour se soigner mais cela signifiait ne plus avoir de rentrée d’argent du tout. Sa situation était tellement compliquée qu’elle a pensé à tout arrêter et à rentrer auprès de sa famille en Ukraine. Son nouveau compagnon (aujourd’hui son mari) a insisté pour qu’elle reste avec lui.

Et il a bien fait. Car peu de temps après, la crise sanitaire a éclaté et Maryna s’est retrouvée coincée en Belgique. Cette pause de quatre mois, si difficile à gérer pour de nombreux joueurs à été une bénédiction pour notre compatriote. Elle n’a presque pas touché une raquette durant cette période mais a pu prendre du repos avant de recommencer le travail physique. Au retour, ses résultats se sont avérés bien meilleurs et, petit à petit, elle est remontée au classement. Le grand tournant à eu lieu un an après la fin de la suspension du circuit, en juillet 2021, lorsque la Brabançonne d’adoption a remporté son tout premier tournoi sur le grand circuit lors du WTA 250 de Gdynia. En fin d’année, après une nouvelle victoire lors d’un gros ITF en Espagne, elle fait son entrée dans le Top 100 pour la première fois de sa carrière. Ces performances lui ont permis de rentrer directement dans le tableau final de l’Open d’Australie, une première en Grand-Chelem depuis 2017. Mieux, elle y franchit le premier tour, ce qu’elle n’avait jamais réussi à ce niveau. Malheureusement, elle se blesse durant cette rencontre et est obligée de renoncer au deuxième tour. 

Elle fait son retour lors des tournois dans le Golfe persique mais ne parvient pas à en sortir des qualifications. A Indian Wells, elle s’incline d’entrée mais Maryna ne fait pas le voyage jusqu’au désert californien pour rien puisqu’elle en profite pour se marier à Las Vegas. A Miami, elle se blesse à nouveau et doit abandonner. Une blessure plus sérieuse cette fois qui l’oblige à se reposer 5 semaines. Lors de son retour, au WTA 125 de Saint-Malo, elle se hisse en demi-finales avant d’abandonner à nouveau. Le problème est cette fois moins grave et la résidente de Düsseldorf revient dès le tournoi de Strasbourg où elle se hisse en quart de finale. Elle manque de chance à Roland-Garros puisqu’elle tombe d’entrée contre la révélation Qinwen Zhang. Moins à l’aise sur gazon, elle perd ses trois matchs sur cette surface mais retrouve son sourire sur la terre-battue d’Hambourg où elle atteint les demi-finales. A l’US Open, elle franchit encore le premier tour avant de perdre contre Veronika Kudermetova. Sa fin de saison est très réussie aussi puisqu’elle remporte le WTA 125 de Rouen, atteint les demis à celui de Bucarest et un quart au WTA 250 de Parme.

Objectifs 2023 : La saison de Maryna Zanevska a bien sûr été particulière en raison de la guerre dans son pays d’origine. Toute sa famille et ses amis sont là-bas et vivent avec la peur au jour le jour. Elle essaie de rester positive pour eux mais il est compliqué de rester concentrée sur le tennis dans ces conditions. Tout ça, elle le raconte très bien dans l’excellente interview réalisée il y a peu par Cristel Joiris (à écouter ici). Désormais moins stressée sur le terrain, elle ne se donne pas d’objectif précis en termes de classement. Elle aimerait, dans un premier temps, mieux gérer mentalement les matchs importants face aux grandes joueuses, sur les grands courts et arriver à les battre.

4.Ysaline Bonaventure (n°5 belge fin 2021, 28 ans, 235e → 95e) :

Ysaline Bonaventure a connu pas mal de hauts et de bas dans sa carrière, ces derniers étant souvent liés à des pépins physiques qui ne l’ont pas vraiment épargnée ces dix dernières années. Mais 2021 a sans doute été la saison la plus compliquée à gérer avec une blessure qui l’a empêchée de jouer entre mars et mai et une autre en fin d’année. A 27 ans et avec en plus des difficultés à se trouver un coach, elle était clairement à un tournant. Heureusement, elle a su rebondir pour livrer la meilleure saison de sa carrière. Dès le tout premier tournoi de l’année, elle démontre ses progrès.

Ysaline remporte en effet le gros ITF de Bendigo sans perdre le moindre set. Elle enchaîne avec les qualifications de l’Open d’Australie où elle manque un peu le coche au deuxième tour, contre une joueuse abordable pour elle. Elle dispute ensuite deux $25.000 à Monastir et Sharm El Sheikh mais elle y est battue à chaque fois en quart de finale. Elle revient à des W60 indoors, d’abord sans succès en Europe mais elle se hisse tout de même ensuite en demi-finale à Nur-Sultan. La Stavelotaine termine son hiver par deux quarts de finale, au W25 du Havre puis au W60 de Croissy-Beaubourg. Sur terre-battue, elle démarre avec deux éliminations en qualifications lors du $80.000 d’Oeiras et du WTA 250 d’Istanbul. Mais elle se reprend pour atteindre ensuite un quart de finale dans un W60, toujours à Istanbul, puis une demi à celui de Koper. Elle passe ensuite tout près de l’élimination au premier tour des qualifs de Roland-Garros. Mais elle s’en sort au tie-break du dernier set avant de remporter plus facilement ses deux matchs suivants. 

Pour la première fois de sa carrière, Ysaline se qualifie donc pour le tableau final du Grand-Chelem parisien. Le rêve se transforme toutefois en cauchemar car, opposée à Bianca Andreescu au premier tour, elle domine la première moitié du match et mène 6/3-3/1 avant de laisser la Canadienne revenir et l’emporter 6/0 au troisième. Une défaite difficile à gérer devant toute sa famille qui avait fait le déplacement. Battue au deuxième tour des qualifications de Wimbledon, elle relève la tête en début d’été pour atteindre la finale du très coté ITF de Versmold où elle bat notamment Nadia Podoroska, demi-finaliste de Roland-Garros 2020. La Stavelotaine dispute alors les qualifications de deux tournois WTA sur terre mais sans grand succès. Durant la tournée américaine, elle passe un tour au WTA 125 de Concord mais s’incline d’entrée de qualifs lors du W60 du Bronx et au deuxième tour de celles de l’US Open. Après un quart lors du W80 du Neubourg, elle sort une très grosse fin de saison qui va complètement changer la donne. 

Objectifs 2023 : Ysaline Bonaventure sort d’abord deux fois des qualifs en WTA 250. À Tallinn, elle poursuit sa route jusqu'en quart de finale où elle n’est battue qu’en trois sets par Anett Kontaveit. A Cluj-Napoca, elle franchit encore un tour. Sur sa lancée, elle atteint encore la finale du W60 d’Hambourg puis s’impose dans le $80.000 de Poitiers en battant deux grands espoirs, Alexandra Eala et Petra Marcinko. Ce superbe automne lui permet d’enfin intégrer le Top 100 après lequel elle court depuis tant d’années. Mais elle ne compte pas s’arrêter là et visera le Top 50 en 2023. Avec, pourquoi pas, un bon résultat en Australie pour son premier tableau final direct en Grand-Chelem.

5.Magali Kempen (n°9 belge fin 2021, 25 ans, 457e → 210e) :

En matière de pépins physiques, Magali Kempen en a également eu son lot. Déjà souvent blessée durant ses années chez les juniors, elle a fini par atteindre le Top 500 à 20 ans. Mais elle n’a pu disputer que deux tournois en 2018 en raison de problèmes au dos puis aux abdominaux. Elle est même ressortie du classement à la fin de cette année-là. Elle a pu revenir assez rapidement parmi les cinq cents meilleurs mais est restée bloquée à ce niveau trois ans, en partie à cause du covid mais aussi d’autres petits bobos.

Ce n’est qu’en 2022 que Magali peut enfin disputer plus de 20 tournois sur le circuit ITF sans être vraiment inquiétée par des soucis de santé. Et les résultats ne tardent pas à suivre. C’est lors des qualifications du W60 d’Andrézieux-Bouthéon qu’elle débute sa saison. Elle y est battue au deuxième tour. Elle enchaîne avec le $25.000 de Birmingham où elle se hisse en demi-finale en battant deux Top 300, notamment la 208e mondiale Jodie Burrage. A l’époque, il s’agissait de la plus belle perf de sa carrière. La joueuse d’Herentals perd ensuite encore en qualifs d’un W60 mais atteint les quarts de finale du W25 de Mâcon où elle ne s’incline que 7/5 au dernier set contre la 122e mondiale. Dans la foulée, elle remporte, à Joué-Les-Tours, son neuvième titre ITF mais surtout le premier dans un $25.000. Durant le printemps, elle tente sa chance dans les qualifications de tournois plus relevés, notamment le WTA 250 de Strasbourg, mais elle ne parvient pas à rejoindre un tableau final.

Elle revient à des tournois plus modestes durant l’été et aligne plusieurs bons résultats. Magali se hisse par exemple en finale du W25 de La Haye début juillet. En août, elle se hisse encore en quart de finale de celui de Coxyde, puis en demi de celui d’Oldenzaal. Elle atteint aussi les quarts de finale de celui de St-Palais-sur-Mer. Son meilleur résultat de la saison, elle le réalise mi-septembre lors du W80+H du Neubourg. La Campinoise y domine notamment l’espoir Français Elsa Jacquemot (numéro 1 mondial junior en 2020) et la Polonaise Magdalena Frech, 117e mondiale. Elle ne s’arrête qu’en finale face à la première tête de série, la Roumaine Jacqueline Cristian. Ses premiers tournois de l’automne sont un peu moins bons mais elle termine bien l’année avec deux quarts en $25.000 à Sharm El Sheikh puis une demi à celui de Pétange. Elle fait encore une dernière apparition remarquée, début décembre, lors du WTA 125 d’Angers.

Objectifs 2023 : Magali Kempen y sort des qualifications avant de prendre la mesure d’Alison Van Uytvanck dans le grand tableau. Cette dernière superbe performance lui permet de finir l’année aux portes du Top 200. Un classement qui lui ouvre la porte de la saison australienne. Elle a tout d’abord été sélectionnée pour la United Cup (même si elle n’a pas joué), puis disputera les qualifications de son tout premier Grand-Chelem à Melbourne. Elle pourra aussi disputer beaucoup plus de gros ITF et peut certainement viser le Top 150 en 2023.

6.Greet Minnen (n°3 belge fin 2021, 25 ans, 80e → 225e) :

Née trois mois plus tôt, Greet Minnen a toujours été devant Magali au classement, en tout cas à partir de 16 ans lorsqu’elle a commencé à briller sur le circuit junior. Même sa progression au classement WTA a été bien plus rapide, malgré une lourde blessure au dos qui l’a aussi freinée pendant presque une année alors qu’elle avait 20 ans. Deux années plus tard, elle se retrouve déjà aux portes du Top 100 et se qualifie pour l’Open d’Australie 2020 avant de passer le premier tour dans le grand tableau.

La pause du circuit en raison du covid met un peu un frein à sa progression cette année-là mais elle repart de plus belle en 2021. Greet sort une superbe saison en atteignant notamment sa première demi-finale sur le grand circuit à Prague. Elle réalise aussi un petit exploit en sortant des qualifications lors des quatre tournois du Grand-Chelem et poursuit même sa route jusqu’au troisième tour de l’US Open. La joueuse de Turnhout démarre 2022 en Australie, une terre qui lui a souvent réussi, mais elle y perd au premier tour tant lors du tournoi préparatoire à Melbourne que lors de l’Australian Open. Elle se reprend lors d’une série de $60.000 indoor en février. A Grenoble, elle est battue dès les quarts de finale par l’ex-top 100 Tatjana Maria (demi-finaliste de Wimbledon cinq mois plus tard). Elle s’impose ensuite à Altenkirchen avant d’atteindre la finale à Nur-Sultan. Lors de ce tournoi au Kazakhstan, elle doit néanmoins abandonner.

Elle fait son retour sur le circuit WTA en mars mais ne parvient toujours pas à y gagner un match. Greet perd ainsi au premier tour des qualifications à Indian Wells puis dans le grand tableau à Miami et même à Istanbul lors de son premier match sur terre en avril. A Madrid, elle est battue au deuxième tour des qualifications mais est repêchée pour le tableau final où elle est contrainte à l’abandon à nouveau. Lors du WTA 125 de Karlsruhe, elle gagne encore un match mais déclare forfait pour le second. La Campinoise tombe ensuite d’entrée à Roland-Garros contre Ekaterina Alexandrova. Plus à l’aise sur gazon, elle dispute quatre tournois sur cette surface avec des résultats mitigés. Battue d’entrée à s’Hertogenbosch et Gaiba, elle passe un tour à Bad Hombourg et, surtout, à Wimbledon où elle prend la mesure de Garbiñe Muguruza. Durant l’été, elle perd ses quatre matchs non sans offrir de très belles prestations face à Daria Kasatkina à Granby ou Sloane Stephens à l’US Open.

Objectifs 2023 : Mais son incapacité à conclure ces matchs face à des joueuses du top se paye cash. Elle se blesse à nouveau au dos en septembre et ne peut défendre les points de sa bonne fin de saison 2021. Son classement chute alors d’une centaine de places en deux mois. On la retrouve en décembre lors de deux WTA 125 où elle sauve les meubles en passant un tour. Malgré cette triste fin d’année, le talent de Greet est incontestable et sa place doit être dans le Top 100 au minimum. Avec son nouveau Coach Philippe Dehaes, elle va tenter d’y revenir le plus rapidement possible.

7.Kirsten Flipkens (n°7 belge fin 2021, 36 ans, 311e → 251e) :

Deux joueurs du top 10 belge masculin sont déjà retraités. C’est le cas d’une joueuse également et non des moindres puisqu’il s’agit de Kirsten Flipkens. Dans l’ombre de Justine Hénin et de Kim Clijsters, celle-ci a réalisé une carrière remarquable qui va la mener jusqu’au 13e rang en simple, il y a bientôt 10 ans. Il est donc temps de faire un petit résumé de ses vingt années passées sur le circuit. 

Après une dernière saison chez les juniors (en 2003) couronnée de succès avec des titres à Wimbledon et à l’US Open qui lui ont permis d’atteindre la première place mondiale, Kirsten était considérée comme la nouvelle pépite qui allait vite rejoindre Justine et Kim au sommet. Mais un physique un peu frêle à l’époque l’empêche de s’installer durablement dans le Top 100 avant 2012. C’est cette année-là que sa carrière prend une toute autre dimension. La joueuse de Mol remporte, à Québec, le seul et unique titre WTA de sa carrière en simple. En confiance, elle réussit une saison 2013 splendide où elle atteint une autre finale (à s’Hertogenbosch), se hisse en quart à Miami, en huitièmes de l’Open d’Australie et, surtout, dans le dernier carré de Wimbledon. Sur son parcours, elle prend la mesure de Petra Kvitova, gagnante de l’épreuve deux ans plus tôt. Classée à ce moment-là aux portes du Top 10, elle n’atteindra plus jamais de tels sommets. 

Elle dispute encore deux autres finales (Monterrey 2016 et s’Hertogenbosch 2018) et remporte le WTA 125 de Houston en 2019. Mais en Grand-Chelem, Kirsten n’atteindra plus qu’une seule fois le troisième tour. Elle réussit encore quelques jolis coups à l’occasion. Elle bat par exemple Venus Williams aux J.O. de Rio ou obtient deux victoires contre Muguruza et une contre Caroline Wozniacki. Mais de nombreux pépins physiques l’empêchent de jouer des saisons complètes, même si elle reste dans le Top 100 jusqu’en 2020. Cette année, la Campinoise ne parvient presque plus à sortir des qualifications lors des tournois WTA qu’elle dispute durant l’hiver. Elle prend donc la décision de mettre un terme à sa carrière de simple lors de la saison sur gazon, sa meilleure surface. Elle parvient encore à y réaliser de belles performances : un quart à s’Hertogenbosch, un troisième tour à Eastbourne (en dominant Elise Mertens) et encore une dernière rencontre gagnée à Wimbledon.

8.Marie Benoit (n°6 belge fin 2021, 28 ans, 277e → 295e) :

Au début de la dernière décennie, une série de joueuses belges nées en 1995 cartonnait sur le circuit junior. Leur chef de file était déjà une certaine Elise Mertens, 7e mondiale chez les moins de 18 ans en 2013. Mais six autres filles nées cette année-là ont atteint le Top 100 junior. Malheureusement, hormis Elise, les autres ont arrêté leur carrière sans vraiment parvenir à percer chez les adultes, tout du moins en simple (cf Kimberley Zimmermann ci-dessous).

Seule Marie Benoit croit encore et toujours en ses chances. Classée à la 68e place mondiale chez les juniors en mars 2012, elle s’est rapidement concentrée sur le circuit pro pour atteindre le Top 300 à 20 ans. Quelques petits soucis de santé l’ont ensuite freinée pendant deux ans mais, depuis l’été 2018 jusqu’à la fin de l’année qui vient de s'achever, elle s’est maintenue parmi les trois cents meilleures du monde. L’Eupenoise se rend tout de même en Australie en début d’année malgré des chances assez minces de disputer le premier Grand-Chelem de la saison. Elle est battue en qualification du W60 de Traralgon avant d’apprendre qu’elle ne sera pas dans le tableau de qualifs à Melbourne. Elle revient alors en Europe mais connaît une très mauvaise passe  lors d’une série de $25.000. Durant le reste de l’hiver, elle ne parvient pas à atteindre le moindre quart de finale et son classement chute alors d’une centaine de places.

Ce n’est qu’à la toute fin du mois d’avril qu’elle parvient à réaliser un premier bon résultat. Marie se hisse, en effet, en finale du W25 de Santa Margherita di Pula, en Sardaigne. Elle enchaîne avec un quart de finale à Bastad, dans un tournoi de même niveau. Après deux nouvelles défaites d’entrée, elle atteint un nouveau quart à Ystad, toujours en Suède. Son mois de juillet est encore marqué par quelques défaites prématurées. Mais l’Eupenoise se reprend bien en août en atteignant tout d’abord la finale du tournoi disputé dans sa ville natale. Elle fait encore mieux à Coxyde où elle s’impose pour remporter son neuvième titre ITF, le quatrième en $25.000. Sur son parcours, elle signe d’ailleurs une belle victoire sur Magali Kempen 7/5 au dernier set. Elle termine l’été moins bien avec une défaite au premier tour en Allemagne et une au premier en Italie. Son automne commence avec deux nouveaux quarts de finale à Santa Margherita di Pula.

Objectifs 2023 : Elle enchaîne avec deux moins bons tournois début octobre avant de jouer des épreuves plus relevés en fin de saison. Tant au $100.000 de Les Franqueses del Valles, qu’au W80 de Madrid, elle parvient à sortir des qualifications et à franchir un tour dans le grand tableau. La saison de Marie Benoit est donc en demi-teinte. Le bon côté des choses est qu’elle n’a presque pas de points à défendre pendant les quatre premiers mois de la saison. Si elle réalise quelques bonnes perfs, elle pourrait disputer les qualifs de Roland-Garros.

9.Yanina Wickmayer (non classée fin 2021, 33 ans, Ncl → 321e) :

Avec Kirsten Flipkens, Yanina Wickmayer a été la grande animatrice du tennis féminin belge au début des années 2010. Elle s’installe dans le Top 100 dès 2008 et ne le quittera qu’en 2017. Sur cette période, elle remporte cinq titres WTA et dispute six autres finales. Elle atteint surtout les demi-finales de l’US Open 2009 et quatre autres huitièmes de finale en Grand-Chelem. Elle commence ensuite à reculer au classement, en partie en raison de quelques blessures.

De 2017 à 2020, Yanina se maintient entre la 100e et la 200e place mondiale mais ne parvient plus à remonter à un niveau qui lui permet d’accéder aux tournois WTA. Après plusieurs saisons à passer des tournois ITF aux qualifs d’épreuves plus importantes, elle annonce en octobre 2020 qu’elle attend un enfant. Elle déclare aussi ne pas mettre un terme à sa carrière mais, à 31 ans, un retour à la compétition semblait un défi énorme. Et pourtant, la Diestoise est revenue sur le circuit cette année, après avoir donné naissance à une petite Luana en avril 2021. C’est au Portugal, pour deux $25.000, qu’elle effectue son retour, sans gagner de match dans un tableau final. Elle le fera pour la première fois en mars à Joué-Les-Tours. Mais c’est lors de son cinquième tournoi, à Netanya (Israël), qu’elle réalise une première belle performance en se hissant en finale.

En juin, elle revient sur gazon, une surface qui lui a toujours bien réussi durant sa première carrière. Après des résultats un peu décevants en ITF, Yanina parvient à sortir des qualifications à Wimbledon. Et elle réussit même à y franchir le premier tour au détriment de la Chinoise Zhu, 98e mondiale. Elle n’avait plus battu de joueuse du Top 100 depuis mars 2020. Même si elle ne prend que quatre jeux à Jelena Ostapenko au deuxième tour, la performance est de taille. La Diestoise se fait plus discrète en été. A l’US Open, elle est battue au deuxième tour des qualifications. Elle regagne un match sur le circuit WTA à Séoul où elle prend la mesure du grand espoir tchèque Linda Fruhvirtova. Elle oppose ensuite une belle résistance à Emma Raducanu et remporte même le titre en double (avec Kristina Mladenovic).

Objectifs 2023 : Par la suite, elle atteint encore un bon quart de finale dans un $60.000 à Las Vegas avant de connaître une fin de saison plus calme. Il est bien entendu trop tôt pour dire si le come-back de Yanina est réussi. Il faudra, pour cela, qu’elle retrouve au moins la position qu’elle avait à son départ, aux alentours de la 150e place. Au vu de ce qu’elle a montré en 2022, c’est un objectif tout à fait réalisable pour l’année qui vient.

10.Sofia Costoulas (n°16 belge fin 2021, 17 ans, 1171e → 416e) :

A 17 ans, Sofia Costoulas est la benjamine de ce Top 10. Son ascension au classement WTA est attendue depuis qu’elle a joué les premiers rôles sur le circuit européen chez les moins de 14 ans en 2018. Quelques blessures l’ont freinées depuis lors et elle a donc pris un peu de retard si on la compare, par exemple, à la formidable armada tchèque dont je vous ai déjà parlé. Mais sa trajectoire reste très intéressante. Je vous détaillerai son année lors du dernier article concernant le Top 10 des espoirs belges.

Hors catégorie

Kimberley Zimmermann (n°3 belge en double, 27 ans, 94e → 45e) :

Classée dans notre Top 10 de simple chaque année de 2016 à 2020, Kimberley Zimmermann n’a pas su se maintenir dans le Top 300 WTA qu’elle avait atteint en 2018 après une très solide saison. Elle était même montée au 215e rang en mai 2019. Mais de nombreuses blessures, puis la crise sanitaire ont eu raison de sa détermination. Elle a toutefois effectué une belle reconversion vers le double qui lui permet enfin de jouer sur le grand circuit.

A la suite du confinement, Kimberley peine à retrouver son niveau en simple dans les ITF. Elle subit plusieurs défaites prématurées et son classement s’en ressent. Dans le même temps, ses bons résultats en double lui permettent de progresser au point de rentrer dans les tableaux des tournois WTA. Elle décide donc de mettre l’accent sur le double pendant la deuxième moitié de 2021. Et c’est une réussite puisqu’elle remporte son premier tournoi sur le grand circuit dans la discipline à Palerme et atteint également la finale au Luxembourg. La Bruxelloise débute 2022 dans le top 100 du double ce qui lui permet de prendre part à l’Open d’Australie pour la première fois dans le grand tableau (elle en avait joué les qualifs en simple trois ans plus tôt). Elle s’y incline au premier tour. Globalement, cette première saison (quasiment) complète sur le grand circuit commence un peu difficilement avec de nombreuses défaites au premier tour. 

En raison de son manque d’expérience à ce niveau, Kimberley s’incline en effet neuf fois d’entrée sur ses onze premiers tournois ce qui est plutôt dur à encaisser mentalement. Mais elle remporte tout de même un ITF à Oeiras et parvient donc à se maintenir dans le Top 100. Sa saison prend une toute autre tournure avec son énorme parcours à Roland-Garros. Aux côtés de Maryna Zanevska, elle se hisse en quart de finale en dominant notamment la cinquième tête de série. Elle rejoue avec Maryna à Wimbledon et à l’US Open mais elles s’y inclinent d’entrée. Entre les deux, la Bruxelloise connaît un été assez prolifique. Avec la Polonaise Katarzyna Piter, elle atteint une première finale à Budapest puis confirme son titre à Palerme. Durant le reste de la saison, elle perd encore de nombreuses fois au premier tour mais parvient tout de même à remporter un deuxième titre lors du WTA 125 de Budapest.

Objectifs 2023 : Désormais classée dans le Top 50 du double, Kimberley ne compte plus du tout reprendre en simple. Sa nouvelle carrière lui assure enfin une stabilité financière et, si ses résultats sont encore en dents de scie, elle a accumulé pas mal d’expérience lors de cette première année complète en double. Elle aspire donc à plus de régularité pour 2023 et aussi à gagner des matchs dans tous les Grand-Chelems. Avec, comme objectif de fin d’année, une place dans le Top 20.