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Les meilleurs juniors

 

Chose exceptionnelle : deux Belges auraient pu faire partie de notre Top des meilleures juniors de la saison : Gilles-Arnaud Bailly et Sofia Costoulas. Ils pourraient même encore y être l’an prochain vu leur jeune âge. Mais la saison de nos deux pépites sera détaillée dans l’article sur les meilleurs espoirs belges. Nous nous concentrerons, ici, sur les meilleurs joueurs de 18 ans et moins au niveau international.

Hommes :
Arthur Fils (FRA, né le 12 juin 2004, meilleur classement ITF junior : 3e, ATP : 251e) :



On l’a vu dans l’article sur les entrées dans le Top 100 (et cela se confirme ci-dessous), le futur du tennis féminin parle tchèque. Chez les garçons, le futur pourrait bien parler français. Si nos voisins d’outre-Quiévrain sont un peu dans le creux de la vague au plus haut niveau avec la retraite de leur génération des “Nouveaux Mousquetaires”, plusieurs jeunes de moins de 20 ans font preuve d’un potentiel très intéressant. Le plus avancé est Luca Van Assche que nous vous présentions l’an dernier (cf article).

Mais d’autres talents se profilent comme, par exemple, Arthur Fils. Neuvième joueur européen des U14 à la fin de l’année 2018, il avait, cette année-là, atteint trois finales dans des “Catégories 1”, notamment celle de la Kremlin Cup où il avait été largement dominé par Van Assche. Il ne tarde pas à connaître ses premiers succès chez les juniors puisqu’il dispute deux demi-finales l’année suivante, une en Grade 5 et une en Grade 4. Il se blesse malheureusement lors de ce dernier tournoi et ne rejoue plus de toute la deuxième moitié de 2019. Son retour, début 2020, est de courte durée. Après deux quarts de finale, la crise sanitaire lui impose un nouvel arrêt. Mais le Français passe un nouveau cap dès le retour du circuit puisqu’il remporte un Grade 4 à Eindhoven en septembre. Après un bon troisième tour à Roland-Garros (disputé exceptionnellement en automne), il réalise une grosse perf en fin d’année en s’imposant à l’Orange Bowl à seulement 16 ans. En 2021, il ne dispute plus qu’une poignée de tournois juniors. 

Ce qui ne l’empêche pas de se hisser en finale de Roland-Garros (là encore, il coince contre Van Assche). En parallèle, Arthur Fils se concentre déjà sur les tournois pros. Dès le mois de mars, il atteint sa première demi-finale dans un $25.000 dont il était sorti des qualifications. Il est invité à disputer les qualifications de Roland-Garros et il y bat l’ancien Top 20 Bernard Tomic. En juillet, il atteint sa première finale ITF, avant de se frotter à ses premiers Challengers en automne. Il termine la saison à la 613e place. Début 2022, le Français se qualifie plusieurs fois pour des tableaux finals en Challenger. Il se hisse même en quart de finale à Lille. Il est à nouveau invité pour les qualifications de Roland-Garros mais perd cette fois d’entrée contre Gabriel Debru, on en reparle ci-dessous. Durant la deuxième moitié de saison, il atteint trois autres quarts de finale en Challenger à Troyes, à Toulouse et surtout au $100.000 de Roanne. Mais c’est à Paris qu’il se fait remarquer au plus haut niveau pour la première fois. 

Pour l’ATP 1000 de fin d’année, Arthur Fils reçoit à nouveau une invitation pour les qualifications et y domine deux joueurs du Top 60 : Jaume Munar et surtout Fabio Fognini. Au premier tour, il retrouve l’Italien, repêché, qui prend sa revanche en trois sets. Depuis Gaël Monfils en 2004, aucun Français aussi jeune n’avait disputé le tableau final d’une telle épreuve. Solide des deux côtés et doté d’un très bon service, il semble près à effectuer sa première saison au plus haut niveau.

Jakub Mensik (CZE, né le 1er septembre 2005, meilleur classement ITF junior : 2e, ATP : 407e) :

La nouvelle génération tchèque cartonne chez les filles, je l’ai dit. Mais quelques garçons semblent également prometteurs. Il y a quelques années, on parlait beaucoup de Vojtech Petr qui a dominé la catégorie U14 en 2019. Mais le joueur de Brno n’a pas (encore) réussi à confirmer ses belles dispositions chez les juniors. Au point qu’il a été dépassé par l’un de ses partenaires préférés sur le circuit TennisEurope.

Jakub Mensik, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a terminé qu’à la 12e place chez les 14 ans et moins il y a trois ans. Il avait notamment atteint les demi-finales des Championnats d’Europe (où il s’est incliné contre Petr). Par équipe, il a participé à la victoire de son pays en Summer Cup avant de se hisser en demi-finales des Championnats du monde. Mais à l’époque, il était surtout cantonné au double. En 2020, il tente d’abord sa chance dans de gros tournois en République tchèque mais sans grand succès. Après la crise sanitaire, il obtient ses premiers succès, d’abord dans un Grade 5 en Pologne, puis lors de deux Grades 3 turcs. Dans ces trois épreuves, il était sorti des qualifications. Le Tchèque entame sa saison avec une demi-finale dans un Grade 1 russe. Au printemps, il se hisse carrément en finale du très prestigieux tournoi de Milan alors qu’il n’a toujours que 15 ans. 

Il dispute son premier Grand-Chelem à l’US Open où il franchit deux tours. Durant l’automne, Jakub Mensik aide son pays à se hisser en quart de finale de la Junior Davis Cup (les Championnats du Monde des 16 ans et moins) avant de remporter le Grade A du Cap en fin d’année. Cette année, il atteint la finale de l’Open d’Australie. Il s’y incline au bout de 3h43 d’un match tellement éprouvant qu’il devra sortir du court sur une chaise roulante. Le Tchèque fait ses débuts sur le circuit Future en 2021 pour une poignée de tournois. Il atteint sa première demi-finale dans un $25.000 en mai 2022 à Most, toujours dans son pays. Les choses s’accélèrent pour lui dans la deuxième partie de l’année. En juillet, il atteint sa première demi-finale en Challenger à Prague, en battant notamment l’ancien Top 30 Lukas Rosol. 

Il enchaîne directement avec un premier titre en Future en Allemagne. En novembre, Jakub Mensik remporte un deuxième tournoi en Crête avant de partir en Egypte où il soulève deux trophées supplémentaires. Cette année, le Tchèque a également eu l’occasion de s’entraîner plusieurs fois avec son idole Novak Djokovic. Le Serbe lui aura sûrement appris quelques tours de passe-passe que ce grand fan de prestidigitation saura mettre à profit à l’avenir.


Gabriel Debru (FRA, né le 21 décembre 2005, meilleur classement ITF junior : 1e, ATP : 629e) :


© Oeil averti

Dans la série des Français très talentueux, il est intéressant de parler de Gabriel Debru qui a atteint les sommets chez les juniors alors qu’il n’est que “première année”. Et encore, s’il était né 10 jours plus tard, il pourrait encore rester deux ans sur ce circuit. Il n’était pourtant pas forcément pointé parmi les plus doués au plus jeune âge. Mais sa progression ces trois dernières saisons est assez fulgurante. En 2019, il termine sa dernière saison sur le circuit Tennis Europe à la 6e place. 


Cette année-là, Gabriel Debru remporte un “Catégorie 2” en simple et se montre surtout performant en double où il s’impose lors de deux “Catégorie 1”. Il brille par contre en compétition par équipe puisqu’il mène son pays à la victoire en Winter Cup avant de ne céder que face aux Tchèques en finale de la Summer Cup. En Coupe du Monde ITF des U14, la France prend sa revanche face aux Tchèques en demi (Debru dominant même Jakub Mensik) mais s’incline en finale contre les Etats-Unis. Malgré ces performances, ses premiers pas chez les juniors ne sont pas retentissants. En 2020, il n’atteint que deux maigres quarts de finale dans des tournois secondaires. C’est à partir du printemps 2021 qu’il commence à percer. Il se qualifie pour la finale d’un Grade 4 puis remporte un Grade 5 avant de se hisser au troisième tour à Roland-Garros. En automne, il passe encore un cap en remportant un Grade 2 puis en s’imposant lors de deux Grades 1, celui de l’Astrid Bowl et un autre en Espagne. 

Bien décidé à briller en Grand-Chelem en 2022, Gabriel Debru déçoit à l’Open d'Australie où il perd d’entrée. Mais il se reprend à Roland-Garros où il s’impose en prenant la mesure de Gilles-Arnaud Bailly en finale. Un succès qui lui permet de décrocher la première place mondiale. Il arrête sa carrière chez les juniors après une défaite au deuxième tour de Wimbledon. Car malgré son jeune âge, le Français a déjà réalisé quelques belles performances chez les pros. Il dispute son tout premier match en février 2021 dans un Futures chez lui, à Grenoble. Mais c’est en novembre qu’il se fait vraiment remarquer. Invité à disputer les qualifications du Challenger de Roanne, il rejoint le grand tableau et y domine l’Italien Pellegrino, 220e mondial. A seulement 15 ans, il est alors le quatrième plus jeune joueur du siècle à gagner un match en Challenger. Derrière Rafael Nadal mais devant Carlos Alcaraz.

Deux semaines avant son titre en junior, Gabriel Debru avait déjà marqué les esprits lors des qualifications de Roland-Garros chez les adultes. En gagnant son premier tour (contre Arthur Fils, sur abandon), il devient le plus jeune vainqueur d’un match en qualif de Grand-Chelem depuis 2008. Pour le reste, il atteint une demi et deux quarts en Futures. Du haut de son mètre 93, le Français sert déjà très bien et cogne fort des deux côtés. Sa précocité rare peut lui permettre de rêver aux sommets.


Bruno Kuzuhara (USA, né le 1er avril 2004, meilleur classement ITF junior : 1e, ATP : 634e) :

Pour notre quatrième joueur, nous allons traverser l’Atlantique. Et même plus car, si Bruno Kuzuhara joue pour les Etats-Unis, il est né au Brésil de parents aux ascendants Japonais. Installé dans son pays d’adoption lorsqu’il était bébé, il fait partie des meilleurs joueurs américains de sa génération depuis de nombreuses années. En 2016, par exemple, il se hissait en finale de l’Orange Bowl chez les 12 ans et moins.

Il poursuit sa progression dans les classes d’âge suivantes. Deux ans plus tard, Bruno Kuzuhara s’impose lors du prestigieux “Easter Bowl” des U14. A l’Orange Bowl, il s’arrête cette fois en demi-finale. Entre les deux, il fait ses premières armes chez les juniors et remporte ses deux premiers titres en Grade 5 à Saint Domingue et à Nassau alors qu’il n’a toujours que 14 ans. L’Américain s’impose dans un troisième tournoi caribéen de même valeur l’année suivante et passe, en 2020, à des épreuves d’un autre calibre. Malheureusement, après une première finale en Grade 1 à Asuncion, sa progression est freinée par  la crise sanitaire. Il démarre très bien la saison 2021 en remportant ce tournoi paraguayen et en atteignant deux autres finales à ce niveau durant la même tournée sud-américaine.

Bruno Kuzuhara fait ses débuts en Grand-Chelem cette année-là. Il atteint notamment les quarts de finale à Wimbledon mais s’incline d’entrée (contre Jakub Mensik) à l’US Open. En fin d’année, il se hisse à nouveau en finale de l’Orange Bowl, cette fois chez les U18. Sa consécration en junior arrive donc à l’Open d’Australie qu’il remporte au terme d’une finale homérique contre Jakub Mensik. L’Américain atteint alors la première place mondiale dans cette classe d’âge avant de se consacrer au circuit Future. Il y avait déjà disputé quelques tournois en 2021 mais sans grands succès puisque ses meilleurs résultats sont deux quarts de finale en $15.000. Il se montre très à son aise en Turquie puisqu’il dispute deux finales et atteint deux autres demi-finales à ce niveau. Il se hisse également en quart de finale d’un $25.000 français.

Parallèlement, Bruno Kuzuhara obtient quelques invitations pour disputer les qualifications d’épreuves du circuit ATP aux Etats-Unis. La première a lieu à Delray Beach. Il dispute aussi le tableau préliminaire à Indian Wells, Atlanta et Washington. C’est à l’US Open qu’il remporte son premier match mais il ne survit pas au deuxième tour. Joueur solide et combatif, doté d’un jeu complet, l’Américain est un fan assumé de Rafael Nadal. 


Daniel Vallejo (PAR, né le 28 avril 2004, meilleur classement ITF junior : 1e, ATP : 746e) :

Le Paraguay n’est pas vraiment connu pour ses joueurs de tennis. Ce pays a connu son heure de gloire au tournant des années 80, en grande partie grâce à Victor Pecci qui a atteint une finale et une demi à Roland-Garros et a tiré sa sélection jusqu’aux quarts de finale en Coupe Davis à quatre reprises. Mais depuis la retraite de Ramon Delgado, huitième de finaliste à Paris en 98, plus aucun de leurs représentants n’a atteint un niveau professionnel. 

Ce sera peut-être le cas d’Adolfo Daniel Vallejo (la plupart du temps simplement prénommé Daniel). Après une demi-finale à l’Orange Bowl U12, il a été l’un des meilleurs joueurs d’Amérique du sud dans toutes les catégories d’âge. Il a notamment remporté sept titres sur son continent chez les 14 ans et moins avant de s’exporter avec succès puisqu’il s’est imposé au prestigieux tournoi de La Baule en 2018. L’année suivante, le Paraguayen remporte trois titres U16 en Amérique du sud et un autre en Italie avant de disputer ses premières épreuves chez les juniors. Il n’a même pas encore 16 ans lorsqu’il se hisse en finale du Grade 1 de Porto Alegre, peu de temps avant que le circuit ne se mette en pause en raison du covid. En fin de saison, il revient à des épreuves plus modestes et s’impose dans deux Grades 4 américain et un Grade 5 dans son pays. 

Il dispute son premier Grand-Chelem à Roland-Garros en 2021 mais s’incline d’entrée. Daniel Vallejo se hisse par contre en huitièmes de finale à Wimbledon et à l’US Open. Il termine la saison en fanfare puisqu’il atteint la finale du Grade A de Merida avant de s’imposer à l’Orange Bowl en prenant le dessus sur Bruno Kuzuhara. Il est évidemment le premier joueur de son pays à remporter le prestigieux tournoi de fin d’année puisque Victor Pecci s’était contenté d’une finale. L’Américain prend toutefois sa revanche en demi-finale de l’Open d’Australie. Le Paraguayen revient au circuit junior en mai et atteint une très belle finale lors du Grade A de Milan. Mais il s’incline encore prématurément à Paris où il s’arrête au deuxième tour. Après un succès lors d’un Grade 1 polonais, il termine sa carrière chez les juniors avec une demi-finale à l’US Open. Chez les adultes, Daniel Vallejo n’a pas encore connu beaucoup de succès. 

Il dispute ses trois premiers Futures à l’automne 2021 mais il faut attendre avril 2022 pour qu’il atteigne son premier quart de finale. Il atteint ce stade six autres fois sur la saison et finit par se hisser en finale de l’un d’eux à Madrid en novembre. Le Paraguayen possède un jeu assez offensif. Il reconnaît d’ailleurs préférer le tennis de Roger Federer à celui de Rafael Nadal… bien qu’il s'entraîne à l’académie de ce dernier depuis cette année.

Femmes :

Diana Shnaider (RUS, née le 2 avril 2004, meilleur classement ITF junior : 2e, WTA : 110e) :

Il fut un temps pas si lointain où la Russie sortait sa petite pépite chaque année, dans le tennis féminin en tout cas. Certaines d’entre-elles se sont installées durablement sur le circuit mais beaucoup n’ont pas percé au-delà des rangs juniors. Ces dernières années, la mode des starlettes venues du froid s’est atténuée et on a vu moins de joueuses russes briller chez les juniors. Les meilleures sont d’ailleurs arrivées plus tard sur le circuit comme Daria Kasatkina ou Veronika Kudermetova.

Une seule joueuse Russe attire l’attention dans les rangs juniors ces dernières années : Diana Shnaider. Chez les U12, elle s’est essentiellement démarquée lors d’épreuves disputées en Russie ou en Biélorussie avec deux victoires et deux finales. Dès l’année suivante, elle connaît le succès sur le circuit des 14 ans et moins et même sur celui des 16 ans et moins. En Cadets, elle remporte un Catégorie 3 à Riga et atteint plusieurs autres finales, tout en brillant également en double. En fin d’année, elle remporte surtout le Masters de la catégorie. En Scolaires, la Russe gagne un tournoi en Slovaquie et atteint la finale du Catégorie 1 de la Sanchez-Casal Youth Cup, l’un des plus gros tournois de cette classe d’âge (qu’elle remporte en double). En 2018, elle ne dispute qu’une poignée de tournois sur le circuit TennisEurope et parvient à remporter celui de Maia et à se hisser en finale des Championnats d’Europe U14. Parallèlement, elle se fait déjà remarquer chez les Juniors où elle remporte le tout premier tournoi auquel elle prend part, un Grade 4 en Egypte, alors qu’elle vient juste de fêter son quatorzième anniversaire.

Plus tard cette année-là, Diana Shnaider s’impose déjà dans un Grade 3 et dans un Grade 2. Au printemps 2019, elle remporte son premier Grade 1 à Santa Croce et dispute Roland-Garros où elle franchit le premier tour. A Wimbledon et à l’US Open, elle est battue d’entrée. L’année suivante est fortement perturbée par le covid et, hormis un nouveau match remporté à Roland-Garros en septembre, la Russe ne fait pas beaucoup parler d’elle. C’est en 2021 qu’elle cartonne vraiment chez les juniors. Elle atteint d’abord la finale d’un Grade 1 au Brésil avant d’en remporter un autre en Espagne. A Roland-Garros, elle se hisse en demi-finale et ne perd qu’en trois sets contre la future gagnante Linda Noskova, un autre grand espoir tchèque que je vous présentais dans l’article de l’an dernier (cf Le Top 10 junior de 2021). Son été est moins bon mais elle termine bien l’année en se hissant en finale de l’Orange Bowl. Cette saison, elle dispute encore une poignée de tournois juniors mais sans grand succès hormis à l’US Open où elle atteint encore les demi-finales. Par contre elle brille déjà chez les pros. 

Victorieuse d’un premier $15.000 en Turquie en novembre 2021, la Russe remporte successivement un W25, un W15 et surtout un W60 au printemps. Après une autre finale en $60.000, elle se lance sur le grand circuit avec une série de WTA 125 durant l’automne. Elle finit par remporter son premier titre WTA dans cette catégorie à Montevideo en novembre. Diana Shnaider sera-t-elle une étoile filante où arrivera-t-elle à percer au plus haut niveau ? L’avenir le dira. Son entrée dans le Top 100 ne devrait être, en tout cas, qu’une question de semaines.


Brenda Fruhvirtova (CZE, née le 2 avril 2007, meilleur classement ITF junior : 3e, WTA : 132e) :

Je l’ai déjà répété à plusieurs reprises, le tennis tchèque, surtout féminin, est en plein boom. Les (très) jeunes joueuses de ce pays commencent déjà à se présenter sur les plus gros ITF, voire dans les tournois WTA. Lors de l’article sur les entrées du Top 100, je vous ai notamment présenté l’actuelle chef de file de cette nouvelle génération  : Linda Fruhvirtova. Mais il en est une qui pourrait bien mettre tout le monde d’accord dans quelques années, c’est sa petite sœur Brenda. La jeune prodige a brûlé les étapes vers le professionnalisme comme on n’avait plus vu personne le faire depuis de nombreuses années. 

A 10 ans, la Tchèque s’imposait déjà au Eddie Herr et atteignait la finale de la Mouratouglou Cup chez les U12. Elle n’a pas encore 12 ans lorsqu’elle remporte ses premiers gros tournois des 14 ans et moins comme le Eddie Herr ou le Catégorie 1 de Stockholm. En 2020, deux mois avant son treizième anniversaire, elle s’impose aux Petits As qui est une sorte de Championnat du Monde pour les U14. Au palmarès, elle succède à sa propre sœur, Linda. C’est aussi cette année-là que Brenda Fruhvirtova dispute ses premiers tournois juniors, notamment à Roland-Garros où elle reçoit une invitation. Elle est battue au premier tour mais elle remporte tout de même déjà un Grade 3 en fin d’année. L’an dernier, elle se consacre entièrement au circuit U18 (alors qu’elle n’a que 13 ans en début de saison). Une blessure explique des résultats un peu décevants en début d’année mais elle se reprend vite pour remporter le Grade 2 de Pilsen puis les Grades 1 de College Park, de l’Astrid Bowl et de Vrsar. En fin de saison, elle remporte le Grade A de Merida en battant sa sœur en finale.

Celle-ci prend sa revanche en finale du Eddie Herr la semaine suivante (mais sur abandon). Brenda Fruhvirtova fait ses grands débuts professionnels à la toute fin de saison lors du WTA 125 de Séoul où elle franchit un tour. Elle décroche son premier titre pro dès son troisième tournoi, lors d’un $25.000 en Argentine et signe un doublé dès la semaine suivante. Cette performance lui permet d’obtenir une invitation pour les qualifications du tournoi WTA de Guadalajara. Elle en sort en battant notamment Sara Errani, l’ancienne finaliste de Roland-Garros. Après quelques résultats moins bons durant le printemps, la Tchèque décroche un nouveau titre en W25 à Klosters au mois de juin. Elle fait ensuite une pause jusqu’en août mais revient en force pour remporter quatre nouvelles épreuves de ce niveau à Danderyd, Mogyorod, Braunschweig et Santa Margherita di Pula. Elle enchaîne avec un premier $60.000 à San Sebastian où elle se hisse en quart de finale. Cette défaite met fin à une incroyable série de 27 victoires consécutives, durant lesquelles elle n’a cédé que deux petits sets.

Pas rassasiée, Brenda Fruhvirtova remporte encore un dernier W25 à Santa Margherita di Pula avant de disputer la tournée de WTA 125 en Amérique du Sud où elle remporte tout de même deux matchs. Classée à la 1093e place mondiale en début de saison, la Tchèque se situe désormais aux alentours du 130e rang. Entraînée comme sa sœur à l’Académie Mouratoglou, elle pourra faire ses vrais débuts au plus haut niveau dès la tournée australienne. Nul doute qu’on parlera beaucoup du duo, déjà présenté comme “les nouvelles sœurs Williams”, en 2023.  


Sara Bejlek (CZE, née le 31 janvier 2006, meilleur classement ITF junior : 43e, WTA : 181e) :

Parmi les espoirs tchèques, j’ai donc déjà cité les sœurs Fruhvirtova et Linda Noskova. Je n’aurai même pas l’espace pour vous parler de la Championne du Monde junior Lucie Havlikova (mais elle aura certainement sa place dans une des rétrospectives 2023). Par contre, je ne peux pas omettre un autre petit prodige : Sara Bejlek. A seulement 16 ans, elle a déjà fait des pas de géants chez les pros.

La Tchèque a réalisé quelques belles performances chez les U12, notamment une victoire au Passagespoirs, un des tournois européens les plus relevés de l’année. A 13 ans, elle alterne déjà les tournois U14 et U16 et dispute même ses premières épreuves juniors en fin d’année. Chez les cadets, sa plus belle performance est un succès lors du “Catégorie 1” de la Sanchez-Casal Youth Cup. Elle signe aussi une victoire et une finale en “Catégorie 2”. Chez les scolaires, Sara Bejlek remporte deux “Catégorie 2” à Brno et Krems. Enfin, chez les U18, elle atteint une première finale lors d’un Grade 5 en Finlande. L’année 2020 est un peu particulière, pour elle comme pour tout le monde. Après la pause sanitaire, elle atteint tout de même une finale dans un Grade 2 dans son pays puis remporte un Grade 3 en Roumanie. Elle gagne encore un Grade 5 et atteint une finale en Grade 4 début 2021. Agée de seulement 15 ans, Sara Bejlek va d’ors et déjà donner la priorité aux tournois pros cette année. 

Ca ne l’empêche pas d’atteindre encore une finale en Grade 2 et une demi en Grade 1 mais elle fait l’impasse sur Roland-Garros pour prendre des points WTA. Elle dispute tout de même Wimbledon junior mais s’y incline au deuxième tour. Lors de ses premiers pas sur le circuit ITF, elle atteint deux quarts dans des $15.000 turcs puis passe un tour dans un W60. En juillet de cette année-là, la Tchèque réalise une très belle perf en s’imposant au $60.000 d’Olomouc. Elle atteint encore deux quarts de finale à ce niveau à la fin de l’été avant de mener son pays à la victoire en Junior Billie Jean King Cup en septembre. Début 2022, elle atteint deux demis en $25.000 avant de remporter un titre à ce niveau à Santa Margherita di Pula. Elle joue encore à Roland-Garros junior où elle perd en trois sets en demi-finale contre Havlickova. Elle retourne sur le circuit ITF et signe deux nouvelles victoires en W60, à Ceska Lipa et à Olomouc où elle défendait son titre. 

Ce succès permet à Sara Bejlek de valider son ticket pour les qualifications de l’US Open chez les adultes. Là aussi elle va cartonner en se hissant dans le grand tableau grâce à des succès sur Kristina Mladenovic ou Heather Watson. La Tchèque se fera largement battre au premier tour (contre Liudmila Samsonova) mais cette première expérience du tout haut niveau lui sera sûrement bénéfique pour aborder l’année qui vient.


Petra Marcinko (CRO, née le 4 décembre 2005, meilleur classement ITF junior : 1e, WTA : 191e) :

Parmi les jeunes prodiges qui ont marqué les dernières années, Petra Marcinko est à surveiller de très près. La Croate n’a pourtant pas connu des débuts aussi marquants dans les catégories d’âge les plus jeunes. Elle n’a, par exemple, pas atteint la moindre demi-finale chez les U12. C’est chez les cadets qu’elle commence à percer. Elle atteint une première finale à Saint Marin, puis remporte un titre à Istanbul durant sa première année dans cette catégorie.

En 2019, alors qu’elle n’a toujours que 14 ans, Petra Marcinko explose vraiment et remporte dix titres en simple dans les trois classes d’âge. Chez les U14, elle gagne d’abord un “Catégorie 2” à Antalya puis elle cartonne dans les “Catégories 1”. A ce niveau, elle dispute d’abord trois finales à Rakovnik, Piestany et Irpin avant de remporter l’Open du Stade Français. En fin d’année, elle s’impose également lors des Masters. En Scolaires, elle gagne deux tournois assez secondaires à Zoetermeer et à Foligno. La Croate commence à jouer sur le circuit junior en septembre et débute immédiatement par deux victoires en Grades 5 à Menton et à Mostar. Elle atteint ensuite deux autres finales avant de remporter trois nouveaux titres, un Grade 5 à Fujairah et deux Grades 4 à Dubai et à Zagreb. Ses débuts sur ce circuit se résument donc à 35 victoires pour deux défaites en sept épreuves. Début 2020, elle se concentre sur des épreuves plus relevées. Elle atteint une finale en Grade 2 à Tunis et deux autres quarts de finale. 

La crise du covid vient mettre un frein à la progression de Petra Marcinko. A son retour, elle atteint tout de même une première finale en Grade 1 à Pancevo et une demi en Grade 2. En 2021, elle va vraiment marquer un peu plus encore ce circuit. Dès février, elle remporte un premier Grade 1 au Paraguay. Battue d’entrée à Roland-Garros, elle tombe au deuxième tour de Wimbledon contre Linda Fruhvirtova. Son troisième Grand-Chelem est plus réussi puisqu’elle se hisse en quart de finale de l’US Open. Durant l’automne, la Croate remporte les Grades A du Cap et de l’Orange Bowl pour se hisser à la première place mondiale.  Elle démarre 2022 sur les chapeaux de roues en remportant l’Open d’Australie contre Sofia Costoulas. Elle n’a encore que 15 ans lorsqu’elle fait ses débuts chez les pros, lors d’un $60.000 à Zagreb en 2021. Elle y bat l’ancienne 32e mondiale Kurumi Nara avant de perdre au deuxième tour. Elle dispute ensuite deux demi-finales en $15.000. Après son titre australien, elle remporte ses deux premiers W25 à Antalya.

Elle obtient encore quelques bons résultats au printemps dont une demi-finale en W60. Elle fait également ses débuts en tournoi WTA à Rabat où elle vient à bout de Rebecca Peterson, alors 77e mondiale. Mais sa plus belle perf, Petra Marcinko la signe en octobre, lors d’un $80.000 à Poitiers qu’elle remporte en dominant Clara Tauson et Ysaline Bonaventure. Désormais classée dans le Top 200, la Croate fera son retour en Australie pour disputer les qualifications chez les adultes. 

Alexandra Eala (PHI, née le 23 mai 2005, meilleur classement ITF junior : 2e, WTA : 214e) :

De nombreux pays n’ont pas encore marqué l’histoire du tennis de leur empreinte. Les Philippines ont eu un bon joueur, Felicisimo Ampon, qui a atteint deux fois les quarts de finale de Roland-Garros dans les années 50. Deux ou trois autres ont connu le tennis professionnel, réalisant surtout de bonnes performances en double. Mais aucune femme n’avait atteint un tel niveau avant que la jeune Alexandra Eala ne débarque sur le circuit.

Alexandra Eala fait parler d’elle pour la première fois lors de l’Orange Bowl des 12 ans et moins fin 2017. Elle y bat Sofia Costoulas mais perd en trois sets en finale contre Linda Fruhvirtova. Un mois plus tard, elle crée la surprise en remportant le tournoi des Petits As au tie-break du dernier set contre Linda Noskova. En juin, alors qu’elle vient à peine de fêter son treizième anniversaire, elle reçoit une invitation pour le tableau qualificatif de Roland-Garros. Elle y franchit un tour. Durant l’été, la Philippine dispute une finale en Grade 4 à Jakarta avant de retourner sur le circuit U14 européen. Elle y connaît un grand succès avec trois titres dont le “Catégorie 1” de Hasselt. En fin d’année, elle se concentre déjà sur le circuit U18 et remporte coup sur coup ses deux premiers titres : un Grade 5 à Alicante puis un Grade 4 à Manille. Début 2019, elle confirme à un plus haut niveau en disputant deux finales en Grade 2 alors qu’elle n’a pas encore 14 ans. Mais une blessure l’a ensuite éloignée des courts jusqu’à l’été.

Elle peine un peu à retrouver son niveau mais parvient tout de même à se hisser dans le grand tableau de l’US Open junior où elle franchit le premier tour. Elle retrouve son meilleur tennis durant l’automne et parvient à remporter le Grade A du Cap avant de se hisser en finale de celui d’Osaka et en demi de l’Orange Bowl. Début 2020, Alexandra Eala tente une première expérience chez les adultes (elle n’a toujours que 14 ans) mais la crise du Covid ne lui permet pas de poursuivre cette voie. Elle revient en octobre et se hisse en demi-finale de Roland-Garros junior. Dès janvier 2021, elle remporte son premier tournoi pro, un $15.000 à Manacor où elle s'entraîne. Sur le circuit junior, la Philippine rate un peu ses Grand-Chelems mais gagne encore un Grade A à Milan. Des petits bobos ainsi qu’une infection au covid expliquent cette moins bonne saison. Mais elle se reprend cette année en remportant un premier $25.000 et en atteignant la finale d’un $60.000 à Madrid.

Mais son plus beau titre, elle le remporte lors de son ultime passage chez les juniors, à l’US Open où elle s’impose sans perdre un set. Désormais concentrée à 100% sur le circuit pro, Alexandra Eala a encore atteint les demi-finales d’un W80 en octobre, où elle n’a cédé qu’en trois sets face à Ysaline Bonaventure. Gauchère, la Philippine a un jeu assez proche de celui de notre Stavelotaine préférée : à haut risque et spectaculaire.