L'année au féminin

Quatrième et dernière partie de notre compte rendu mois par mois : l’année au féminin, de juillet à novembre

Comme chez les hommes, les organisateurs de Wimbledon refusent aux Russes et aux Biélorusses la participation à leur tournoi en raison de la guerre en Ukraine et comme l’ATP, la WTA décide de ne pas attribuer de point pour l’épreuve. Cette édition est donc privée d’Aryna Sabalenka, de Daria Kasatkina, de Victoria Azarenka ou encore de Veronika Kudermetova. Tout cet imbroglio politique n’empêche pas la victoire d’une joueuse russe… devenue Kazakhe quatre ans plus tôt pour raison financière, à savoir Elena Rybakina (n°17).

Celle-ci n’a certainement pas volé son titre même s’il ne lui permet donc pas de grimper au classement. En première semaine, elle bat Coco Vandeweghe, Bianca Andreescu, Qinwen Zheng et Petra Martic, à chaque fois en deux sets serrés. En quart de finale, elle prend le dessus sur Ajla Tomljanovic en trois sets. Elle domine ensuite largement la lauréate 2019 Simona Halep (n°16) en demi. Et en finale, elle remonte une nouvelle fois un set de retard pour prendre la mesure d’Ons Jabeur (n°3).

La Tunisienne entre dans l’histoire du jeu en devenant la première joueuse africaine à atteindre une finale en Grand-Chelem. Son parcours est facilité par l’hécatombe des têtes de série dans le bas du tableau. Elle domine facilement Mirjam Bjorklund, Katarzyna Kawa et Diane Parry avant d’être un peu plus accrochée par Elise Mertens (n°24), la seule tête de série qu’elle rencontre avant la finale. En quart, elle perd le premier set avant de dérouler contre Marie Bouzkova. Et en demi, elle doit aussi batailler trois sets pour venir à bout de sa grande copine sur le circuit Tatjana Maria.

L’Allemande de 35 ans atteint donc sur le tard sa première demi-finale en Grand-Chelem, alors qu’elle n’avait jamais dépassé le troisième tour auparavant. Bouzkova atteint, elle, les quarts de finale en battant notamment Danielle Collins (n°7) au premier tour et Caroline Garcia en huitièmes. L’Allemande Jule Niemeier atteint également ce stade après avoir dominé Anett Kontaveit (n°2) au deuxième tour. Mais la grande surprise de la quinzaine est évidemment la défaite d’Iga Swiatek (n°1) au troisième tour contre Alizé Cornet. La Française met donc un terme à la série de la n°1 mondial qui s’arrête donc à 37 victoires consécutives, ce qui est tout de même la plus longue série du siècle. 

Elise Mertens est donc à nouveau la meilleure belge du tableau. Pour atteindre les huitièmes de finale, elle prend d’ailleurs la mesure d’une ancienne gagnante, Angélique Kerber (n°15). Pour sa toute dernière épreuve en simple, Kirsten Flipkens passe un tour et ne s’incline qu’en deux sets serrés face à Halep. On retrouve également Yanina Wickmayer qui sort des qualifications et franchit un tour avant de perdre contre Jelena Ostapenko (n°12). Elle n’avait plus disputé de tableau final en Grand-Chelem depuis l’US Open 2020. Greet Minnen sort un grand match pour dominer Garbiñe Muguruza (n°9) mais s’incline ensuite contre Zheng. Maryna Zanevska et Alison Van Uytvanck sont battues d’entrée, respectivement par Barbora Krejcikova (n°13) et Emma Raducanu (n°10)

Août

Après trois semaines de tournois secondaires sur terre-battue, la tournée nord-américaine débute avec le WTA 500 de San Jose qui couronne Daria Kasatkina (n°7). Vainqueur d’Aryna Sabalenka (n°4) et de Paula Badosa (n°2) en quart et en demi, elle prend la mesure de Shelby Rogers en finale. L’Américaine a réalisé une superbe semaine puisqu’elle a battu Bianca Andreescu, Maria Sakkari (n°1), Amanda Anisimova et Veronika Kudermetova (n°9) en demi. La Russe s’était défait d’Ons Jabeur (n°3) au tour précédent.

Simona Halep (n°15) remporte, lors du WTA 1000 de Toronto, son plus gros titre depuis Rome en septembre 2020. Au Canada, elle profite d’un tableau assez dégagé mais bat tout de même Coco Gauff (n°10) et Jessica Pegula (n°7). En finale, elle vient à bout en 2h17 de la surprise du tournoi : la Brésilienne Beatriz Haddad Maia. Non tête de série, celle-ci se défait de Leylah Fernandez (n°13), Iga Swiatek (n°1), Belinda Bencic (n°12) et Karolina Pliskova (n°14). 

Le tournoi perd plusieurs favorites dès leur entrée en lice. Anett Kontaveit (n°2) est battue par Jil Teichmann alors que Paula Badosa (n°4) et Ons Jabeur (n°5) doivent abandonner respectivement face à Yulia Putintseva et Qinwen Zheng.  Maria Sakkari (n°3) est battue en huitièmes par Pliskova. Elise Mertens est la seule belge dans le tableau final. Elle y passe un tour mais est ensuite battue par Camila Giorgi.

Plutôt à la traîne en début d’année, Caroline Garcia retrouve son plus haut niveau pour s'imposer à Cincinnati et remporter son premier WTA 1000 depuis Pékin en 2017. Issue des qualifications, elle se hisse en finale en prenant la mesure de Maria Sakkari (n°4), d’Elise Mertens, de Jessica Pegula (n°7) et d’Aryna Sabalenka (n°6). Elle y domine Petra Kvitova qui, elle non plus, n’avait plus été à pareille fête depuis plus de deux ans. La Tchèque, tombeuse d’Ons Jabeur (n°5) au troisième tour, domine ensuite Ajla Tomljanovic puis Madison Keys.

C’est l’Américaine qui domine Iga Swiatek (n°1), à nouveau battue au stade des huitièmes. Elle bat ensuite Elena Rybakina, la récente vainqueur de Wimbledon. Paula Badosa (n°3) est battue d’entrée par Ajla Tomljanovic alors qu’Anett Kontaveit (n°2) franchit un tour avant de s’incliner contre Shuai Zhang. Elise Mertens remporte deux matchs dont un qui la voit battre Karolina Pliskova (n°14) avant de s’incliner avec les honneurs face à la future gagnante.

Septembre

Après deux mois un petit peu plus compliqués, Iga Swiatek (n°1) reprend sa marche en avant et s’impose à l’US Open. Son parcours est tout de même un peu plus compliqué qu’à Roland-Garros, en tout cas après ses trois premières victoires faciles contre Jasmine Paolini, Sloane Stephens et Lauren Davis. Elle perd ensuite le premier set face à Jule Niemeier et vient à bout de Jessica Pegula (n°8) en deux manches serrées. En demi, elle doit à nouveau remonter un handicap d’un set pour venir à bout d’Aryna Sabalenka (n°6). Enfin, en finale, elle prend la mesure d’Ons Jabeur (n°5).

La Tunisienne parvient tout de même à l’accrocher dans la deuxième manche. Menée 6/2 et balles de 4/0, elle se rebelle et pousse la n°1 mondiale au tie-break du deuxième set avant de s’incliner. Pour atteindre sa deuxième finale en Grand-Chelem en deux mois, Jabeur a d’abord dominé Madison Brengle, Elizabeth Mandlik et Shelby Rogers (n°31), la seule à lui prendre un set. Elle a ensuite pris la mesure de Veronika Kudermetova (n°18), Ajla Tomlanovic et Caroline Garcia (n°17) en demi-finale.

Comme lors des Grand-Chelems précédents, la plupart des joueuses du Top 10 se sont cassé les dents lors des premiers tours. C’est notamment le cas d’Anett Kontaveit (n°2) qui a subi la loi de Serena Williams au deuxième tour. L’Américaine s’offrait là un joli dernier baroud avant de perdre contre Tomlajovic. Maria Sakkari (n°3) s’est également inclinée au deuxième tour face à Xiyu Wang, tout comme Paula Badosa (n°4) contre Petra Martic. Simona Halep (n°7) a perdu d’entrée contre Daria Snigur. C’est également le sort qui a été réservé à la tenante du titre Emma Raducanu (n°11), largement dominée par Alizé Cornet. La Française, finalement battue au troisième tour, disputait là son 63e Grand-Chelem consécutif, établissant ainsi un nouveau record sur le circuit féminin.

Les Belges ont fait long feu dans ce tournoi. Si Alison Van Uytvanck s’est offert une prestigieuse victoire contre Venus Williams, elle a ensuite cédé en trois sets contre la jeune Française Clara Burel. Maryna Zanevska a également franchi le premier tour contre l’ancienne Top 10 Coco Vandeweghe mais a ensuite perdu face à Veronika Kudermetova (n°18). Greet Minnen n’a, par contre, pas été en mesure de contrer Sloane Stephens au premier tour. Mais la plus grosse déception est venue d’Elise Mertens. A nouveau légèrement tracassée par une blessure à la cuisse, elle s’est inclinée d’entrée contre Irina-Camelia Begu. Elise avait atteint au moins le troisième tour de tous les Grand-Chelems depuis l’Open d’Australie 2018 !

Comme chez les hommes, les tournois chinois sont exclus du calendrier. La tournée asiatique se résume donc à trois tournois, les WTA 250 de Chennai et Séoul et le WTA 500 de Tokyo. Au Japon, c’est Liudmila Samsonova qui s’impose, confirmant donc son bel été où elle avait remporté deux tournois moins importants. La Russe dispose d’Elena Rybakin (n°8) et de Garbiñe Muguruza (n°3) avant de battre les inattendues Chinoises Shuai Zhang et Qinwen Zheng en demi et en finale. Cette dernière avait surpris d’entrée Paula Badosa (n°1) et battu de justesse Veronika Kudermetova (n°4) en demi.

Octobre

Le circuit effectue également un passage en Europe qui culmine avec le WTA 500 d’Ostrava. Après une année compliquée, Barbora Krejcikova y retrouve son meilleur niveau pour battre Iga Swiatek (n°1) en trois sets serrés en finale. Plus tôt dans le tournoi, elle avait bénéficié du forfait de Belinda Bencic (n°6) avant de difficilement venir à bout d’Elena Rybakina en demi. Swiatek aussi avait connu un parcours difficile, surtout lors de la demi-finale face à Ekaterina Alexandrova. Paula Badosa (n°2), Anett Kontaveit (n°3) et Maria Sakkari (n°4) se sont inclinées dès leur entrée en lice.

Iga Swiatek (n°1) se rend ensuite à San Diego pour y remporter le huitième tournoi de sa saison. Lors de ce WTA 500, elle prend la mesure de Coco Gauff (n°6), de Jessica Pegula (n°4) et de Donna Vekic en finale. La Croate, issue des qualifications, réalise un superbe parcours pour arriver là. Elle domine successivement Maria Sakkari (n°5), Karolina Pliskova, Aryna Sabalenka (n°3) et Danielle Collins. Cette dernière, seulement battue au tie-break du dernier set, s’était payé les scalps de Caroline Garcia (n°7) et de Paula Badosa (n°2).

En remplacement du traditionnel WTA 1000 de Pékin, c’est la ville de Guadalajara qui accueille, exceptionnellement, la dernière épreuve de ce niveau de la saison. Jessica Pegula (n°3) y remporte seulement son deuxième titre sur le circuit, le premier dans une épreuve de cette catégorie.  Son parcours est assez remarquable puisque, après être passée par le chas de l’aiguille face à Elena Rybakina lors de son entrée en lice, elle domine Bianca Andreescu, Sloane Stephens, Victoria Azarenka et Maria Sakkari (n°4). La Grecque, à la peine ces derniers mois, retrouve des couleurs dans ce tournoi. Elle vient à bout de Danielle Collins (n°14) et de Veronika Kudermetova (n°8) en trois sets avant de prendre la mesure de Marie Bouzkova en demi.

La Tchèque s’est hissée à ce stade sans rencontrer de tête de série et en bénéficiant de l’abandon d’Anna Kalinskaya en quart. Paula Badosa (n°1) n’a disputé qu’un set face à Azarenka avant de jeter l’éponge. L’ancienne n°1 mondiale a ensuite pris le dessus sur Madison Keys (n°13) et Coco Gauff (n°5). Aryna Sabalenka (n°2) n’a pas non plus franchi son premier tour puisqu’elle a courbé l’échine face à Liudmila Samsonova. Caroline Garcia remporte tout de même un match mais cède ensuite contre Stephens. A nouveau seule Belge du tableau, Elise Mertens passe un tour mais s’incline ensuite contre Kalinskaya. 

Novembre

Grande favorite du Masters, disputé à Fort Worth, Iga Swiatek (n°1) coince en demi et c’est Caroline Garcia qui s’y impose, devenant la deuxième Française à soulever ce trophée après Amélie Mauresmo en 2005. Après avoir facilement dominé une Coco Gauff (n°4) très décevante, Garcia s’est largement inclinée contre la n°1 mondiale en poule et n’a dû sa survie dans le tournoi qu’à une victoire au tie-break du dernier set contre Daria Kasatkina. Elle s’est par contre montrée nettement plus solide en demi et en finale pour dominer Maria Sakkari et Aryna Sabalenka.

La Biélorusse a créé la surprise en venant à bout de Swiatek en trois sets en demi-finale. La Polonaise avait pourtant largement dominé son groupe ne laissant pas plus de cinq jeux à ses trois adversaires. Sabalenka, de son côté, s’en était sorti de justesse contre Ons Jabeur (n°2) lors de son premier match. Après une défaite face à Sakkari (victorieuse de sa poule sans perdre un set), elle est venue à bout de Jessica Pegula (n°3) pour sceller sa place dans le dernier carré.

Enfin, on ne peut pas ne pas parler de la très belle victoire en double d’Elise Mertens aux côtés de Veronika Kudermetova. Après un départ un peu lent lors de son premier match de poule contre Lyudmyla Kichenok et Jelena Ostapenko, le duo a finalement remporté son groupe sans trop de difficultés. Largement victorieuses de la paire composée de Desirae Krawczyk et Demi Schuurs en demi, elles sont venues à bout des grandissimes favorites Barbora Krejcikova et Katerina Siniakova en finale. La rencontre s’est terminée par un super tie-break hyper stressant où les Tchèques ont mené 7/2 avant de s’incliner. Elise est la première belge à remporter un Masters de double.

En raison d’une programmation totalement stupide qui a vu la finale des Masters se disputer la veille du début de la phase finale de la Billie Jean King Cup et ce sur un autre continent, cette dernière compétition s’est vu privée de plusieurs joueuses du top et tout particulièrement de la n°1 mondiale Iga Swiatek. En fait, la seule membre du Top 10 présente à Glasgow fut Coco Gauff. Et au stade des demi-finales, après l’élimination en poule des Etats-Unis, il ne restait plus qu’une joueuse du Top 30. Une misère pour une compétition de cette importance.

C’est heureusement cette joueuse, Belinda Bencic, qui offre à la Suisse son premier titre par équipe après avoir échoué en finale l’an dernier. Aux côtés de Jil Teichmann et Viktorija Golubic, elle rapporte à la Suisse son premier succès en Fed Cup, Martina Hingis et Patty Schnyder n’ayant pas réussi cette performance à leur grande époque. Leur victoire ne souffre d’aucune contestation puisqu’elles n’ont pas perdu le moindre match en simple, lâchant seulement trois sets en huit matchs. La n°1 helvète n’en a pas cédé un seul, dominant successivement Jasmin Paolini, Leylah Fernandez, Karolina Pliskova et Ajla Tomljanovic. C’est Jill Teichman qui apporte l’autre point de la finale face à Storm Sanders.

L’Australie s’est frayée un chemin jusqu’à la finale en battant notamment la Belgique. Revenue de Fort Worth 24 heures plus tôt, Elise Mertens a mené face à Ajla Tomljanovic avant que son corps ne lui dise “stop”. Une blessure à l’épaule la contraint finalement à l’abandon. Storm Sanders avait précédemment balayé une Alison Van Uytvanck clairement en manque de match. En demi-finales, les Australiennes sont venues à bout de justesse d’une étonnante équipe britannique. Associée à Sam Stosur, Sanders a remporté le double décisif lors d’un super tie break. Déjà vainqueur de Paula Badosa en poule, Harriet Dart s’était défait de Tomljanovic mais Sanders avait battu Heather Watson lors du premier match. Il faut tout de même espérer que la WTA et l’ITF se mettent d’accord pour offrir à cette compétition un final plus prestigieux et digne de son histoire.