Le gel partiel du classement ne facilite pas l’éclosion de nouveaux talents et il est grand temps que l’ATP et la WTA réfléchissent à une manière de le diluer, progressivement, mais rapidement. Néanmoins, quelques joueurs ont pu, grâce à des résultats assez extraordinaires, faire leur entrée dans le Top 100. Nous vous présentons ici les dix plus représentatifs. Hommes : Aslan Karatsev (RUS, 28 ans, 112e -> 18e - 13e “Race”) : LA grosse surprise de la saison est sans doute le niveau atteint par Aslan Karatsev. Le Russe n’a jamais fait partie des grands espoirs de son pays. Son meilleur classement chez les juniors est une 47e place, correcte mais sans plus. Après un début sur le circuit en 2011, il a rapidement atteint une position lui permettant de disputer les Challengers. Il a même obtenu une wild-card pour le tournoi ATP de St Petersbourg. Mais ce début prometteur a été gâché par une blessure, puis des problèmes financiers qui ne lui ont pas permis de s'entourer d'une structure durable. Le déclic a lieu durant le confinement suite à la crise sanitaire. A son retour, Aslan Karatsev est 253e mondial mais il remporte deux Challengers et atteint une autre finale. Il passe également un tour dans le tableau final des tournois de St Petersbourg et de Sofia. En Russie, il ne signe que le premier succès de sa carrière face à un joueur du Top 50. Cette superbe fin de saison lui permet de s’installer aux portes du Top 100. Il doit toutefois encore passer par les qualifications lors de l’Open d’Australie. Il y rejoint le grand tableau puis poursuit son parcours en dominant Diego Schwartzman (en trois petits sets), Félix Auger-Aliassime (après avoir remonté deux manches de retard) et Grigor Dimitrov. Il ne s’arrête finalement qu’en demi-finale face à Novak Djokovic. Grâce à cet exploit retentissant, le Russe devient le premier joueur de l’ère Open à atteindre le dernier carré lors de son tout premier Grand-Chelem et le premier qualifié à le faire depuis plus de 20 ans. Il ne s’arrête d’ailleurs pas en si bon chemin puisque, après une défaite au deuxième tour à Doha, il s’impose lors de l’ATP 500 de Dubaï, prenant même la mesure de Jannik Sinner et Andrey Rublev. Après un moins bon tournoi de Miami, Aslan Karatsev brille également sur terre-battue. Il perd au deuxième tour de Monte-Carlo (contre stefanos Tsitsipas) mais se hisse en finale à Belgrade après avoir dominé Novak Djokovic, devant son public. A Madrid, il remporte un nouveau succès face à un top 10 (Schwartzman) puis prend même la mesure de Daniil Medvedev à Rome. Lors des deux épreuves, il n’est battu qu’au troisième tour. Par contre, il déçoit à Roland-Garros où il s’incline au deuxième tour contre Philipp Kohlschreiber. Le Russe perd ensuite d’entrée (et en trois sets) contre Jérémy Chardy au premier tour de Wimbledon puis le Français le domine encore au deuxième tour des Jeux olympiques. Il perd encore d’entrée à Toronto et Cincinnati mais gagne à nouveau deux matchs à l’US Open. La fin de saison du Russe est plus mitigée que lors de ses six premiers mois. Il atteint tout de même un huitième de finale à Indian Wells et, surtout, s’impose lors du tournoi de Moscou (sans affronter de Top 30). Et cette victoire devant son public est certainement bien plus importante à ses yeux que les quelques défaites prématurées qui émaillent son automne. Le parcours tumultueux d’Aslan Karatsev est sans doute dû au fait qu’il n’est pas moscovite. Originaire d’Ossétie du Nord, il n’a pas eu accès aux mêmes infrastructures que ses compatriotes. Il a ainsi été contraint de s’expatrier en Israël (il possède la double nationalité), en Allemagne et en Espagne pour trouver des entraînements de qualité. Doté de coups de fond de court très puissants, il est désormais bien installé au sein de l’impressionnante armada russe. Jenson Brooksby (USA, 21 ans, 307e -> 56e - 41e “Race”) : Il y a trois ans, alors qu’il n’avait encore que 17 ans, une victoire au championnat junior américain avait offert à Jenson Brooksby une place dans le tableau final de l’US Open. L’année suivante, il avait à nouveau disputé le tableau final à New York après être sorti des qualifications. Et il avait même réussi à y dominer Tomas Berdych. Si ces résultats ont tapé dans l'œil du public américain, le jeune Californien a préféré s’inscrire à l’Université que se lancer sur le circuit. Mais une blessure à l’orteil l'a empêché de disputer le circuit des "collèges" américains. Au moment de démarrer cette saison, lors d’un Future en Espagne début février, Jenson Brooksby est encore classé à la 314e place mais c’est grâce au gel du classement car il n’avait plus disputé le moindre match officiel depuis novembre 2019. Demi-finaliste de ce tournoi, il part ensuite en Afrique du sud disputer deux Challengers et s’impose lors du second, face à l’ancien Top 50 Teymurasz Gabashvili. De retour au pays, il atteint une autre finale à Cleveland et obtient même une invitation pour les qualifications de l’ATP 1000 de Miami mais sans succès. Durant le printemps, il dispute à nouveau des Challengers et s’impose consécutivement à Orlando et Tallahassee. Cette double performance permet à l’Américain de disputer les qualifications de Roland-Garros et il en sort après avoir remonté un handicap d’un set et deux breaks de retard au troisième tour. Dans le tableau final, il est largement battu par Aslan Karatsev. Après un nouveau quart en Challenger, il réalise son premier gros résultat sur le circuit ATP en se hissant en finale sur le gazon de Newport, seulement battu par Kevin Anderson. L’Américain prend sa revanche sur le Sud-Africain à Washington puis bat Frances Tiafoe et Felix Auger-Aliassime pour se hisser en demi-finale. Il ne cède que face à Jannik Sinner. Ce parcours lui permet de faire son entrée dans le Top 100. Battu d’entrée à Cincinnati, Jenson Brooksby brille à nouveau lors de l’US Open où il se qualifie pour les huitièmes de finale en venant à bout d’Aslan Karatsev en cinq manches. Il se permet même d’infliger un 6/1 à Novak Djokovic avant que le Serbe ne serre le jeu pour gagner en quatre sets. En octobre, il perd en trois sets contre Alexander Zverev au deuxième tour d’Indian Wells puis atteint les demi-finales du tournoi d’Anvers où il avait dû passer par les qualifications. S’il termine par une défaite en qualifications lors de l’ATP 1000 de Paris, Jenson Brooksby peut être fier de cette première saison au plus haut niveau. Costaud physiquement, il puise, dans ce début de carrière gâché par une grave blessure, une envie et un mental très solide également. L’Américain, grand fan de Nadal, a la particularité d’être toujours coaché par l'entraîneur qui s’occupait déjà de lui à 7 ans. Désormais bien installé sur le grand circuit, il ne compte évidemment pas reprendre son cursus à l’université avant quelques années. Botic van de Zandschulp (NED, 26 ans, 156e -> 57e - 43e “Race”) : L’accession au Top 100 de Botic Van de Zandschulp est plus surprenante encore que celle d’Aslan Karatsev. Après une carrière chez les juniors plutôt médiocre, le Néerlandais se lance sur le circuit Futures en 2014. Il y remporte en tout six titres en cinq saisons mais ne parvient pas vraiment à franchir le cap des Challengers. Pour le retrouver dans un tableau final à ce niveau, en dehors des Pays-Bas, il faut attendre l’été 2019. Il se stabilise ensuite à ce niveau en remportant un premier tournoi à Hambourg en octobre, puis en atteignant deux autres finales en 2020. Lorsque débute la saison, Botic Van De Zandschulp est un membre du Top 200 mais, à 25 ans, il n’a pas encore disputé le moindre tableau final sur le circuit ATP. Il remédie à celà à Melbourne, lors d’un tournoi préparatoire à l’Open d’Australie, et parvient directement à se hisser en quart de finale. Il dispute également le tableau final du premier Grand-Chelem de l’année après en être sorti des qualifications. Mais il y subit la loi de Carlos Alcaraz en trois petits sets. Le Néerlandais dispute encore les qualifications de plusieurs tournois ATP en février, puis d’autres au printemps, mais ne parvient jamais à sortir des qualifications. Il y arrive finalement à Roland-Garros où il se paye le scalp de Hubert Hurkacz (son premier Top 20) en cinq sets mais perd au deuxième tour face à Alejandro Davidovich Fokina. A Wimbledon, il est battu au dernier tour des qualifications mais se fait repêcher. Il franchit une nouvelle fois le premier tour du tableau final avant de perdre contre Matteo Berrettini. Le classement de Botic Van de Zandschulp ne lui permet pas encore de disputer le grand circuit. Il décide donc de passer l’été sur terre-battue, lors de plusieurs tournois Challengers. Il y atteint une finale et trois demis. Finalement, l’accumulation de victoires lui est plutôt bénéfique. A l’US Open, il sort à nouveau des qualifications et poursuit sa route jusqu’en quarts de finale. Le Néerlandais était pourtant mené deux manches à zéro au premier tour contre l’Espagnol Carlos Taberner avant de renverser la situation, puis de prendre la mesure de Casper Ruud et de Diego Schwartzman. Il s’incline finalement contre Daniil Medvedev et sera d’ailleurs le seul à prendre un set au Russe dans sa course au titre. En fin de saison, on le voit encore passer un tour à Anvers puis atteindre sa première demi-finale ATP à St Petersbourg, en dominant Andrey Rublev. Il termine l’année sur un dernier quart de finale à Stockholm. L’ascension de Botic Van de Zandschulp n’est sans doute pas finie. Vu le peu de points qu’il devra défendre avant l’été, il a de bonnes chances d’encore grimper au classement. Il est en tout cas le symbole du renouveau du tennis néerlandais avec également Tallon Griekspoor qui a aussi fait son entrée dans le Top 100 cette année. Juan Manuel Cerundolo (ARG, 20 ans, 341e -> 90e - 64e “Race”) : Les deux derniers joueurs de notre sélection sont de grands espoirs du circuit. A 20 ans, Juan Manuel Cerundolo est le fer de lance d’une nouvelle génération argentine. Il a grimpé jusqu’à la 9e place au classement junior, un circuit qu’il a assez rapidement quitté pour se lancer dans les tournois Futures. Après avoir signé son premier titre à ce niveau en juin 2016, il poursuit sa progression pour entamer 2021 à la 341e place mondiale. Comme Van de Zandschulp, Juan Manuel Cerundolo n’avait pas encore joué sur le grand circuit avant cette saison. C’est encore en Future qu’il fait ses premières apparitions en janvier et il atteint la finale de l’un d’entre eux à Antalya. L’Argentin fait enfin ses premiers pas dans un tournoi ATP à Cordoba, devant son public. Et c’est une grande réussite. Il sort des qualifs puis, après cinq matchs très accrochés, soulève le trophée en vainqueur. En finale, il bat l'Espagnol Alberto Ramos-Vinolas. Il reçoit encore des invitations à Buenos Aires et Santiago mais sans succès. Durant le printemps, l’Argentin dispute à nouveau des Challengers et en remporte un (à Rome) et atteint une autre demi-finale. Il prend part aux qualifications de Roland-Garros mais s’incline au dernier tour. A part une rapide incursion sur le gazon de Wimbledon (où il est battu au premier tour des qualifs), Juan Manuel Cerundolo reste sur terre en début d’été avec des résultats plutôt mitigés. Il faut attendre la mi-août pour le voir briller à nouveau. Il fait l’impasse sur la tournée américaine et même sur l’US Open et reste en Europe. Il dispute une finale et une demi lors de deux Challengers en Allemagne puis s’impose deux semaines consécutivement à Côme puis à Banja Luka début septembre. Durant l’automne, l'Argentin retourne en Amérique du Sud pour disputer la série de Challenger sur terre-battue qui s’y déroule traditionnellement en fin d’année. Il y atteint une finale à Lima, une demi à Buenos Aires et plusieurs autres quarts de finale. Cet enchaînement de résultats lui permet de faire son entrée dans le Top 100. Ce classement (et son jeune âge) le qualifie pour le tournoi des “Next Gen Finals” à Milan mais il y perd ses trois matchs de poules. Il faut dire que Juan Manuel Cerundolo n’a que peu d’expérience sur dur. En fait, avant l’épreuve milanaise, l’Argentin n’avait plus joué sur cette surface depuis 13 mois. Il lui faudra se diversifier s’il veut encore progresser et accompagner les autres jeunes Argentins comme Sebastian Baez et son propre grand frère Francisco, 127e mondial à 23 ans. Holger Vitus Nodskov Rune (DEN, 18 ans, 473e -> 103e - 67e “Race”) : Si Holger Rune (on abrège son prénom désormais) n’est pas encore officiellement dans le Top 100, il y est très largement au classement “Race”. Cette différence est due au gel du classement. Comme il est encore très jeune, le Danois n’avait disputé que seize épreuves (sans grands succès) avant le confinement de 2020 et est donc particulièrement défavorisé par le système actuel. Trois succès en Future en fin d’année dernière lui permettent tout de même de démarrer 2021 dans le Top 500. C’est encore lors de trois tournois Futures qu’il fait ses premiers pas en janvier et début février. Il en gagne un, à Bressuire, et atteint la finale des deux autres. Holger Rune obtient alors une invitation pour le tournoi ATP de Buenos Aires mais s’incline au premier tour. La semaine suivante, à Santiago, il sort des qualifications et se hisse en quart de finale en battant notamment Benoît Paire. Il obtient encore des invitations à Marbella et Monte-Carlo (toujours sans succès) puis se qualifie à Barcelone où il passe tout près de battre Alberto Ramos-Vinolas au premier tour. Le Danois dispute alors à nouveau des Challengers et en gagne un, à Biella. Il atteint également une finale (Oeiras), une demi et deux quarts. Durant l’été, le Danois dispute d’abord les tournois ATP sur terre-battue mais sans y briller franchement. Il franchit tout de même un tour à Bastad et à Kitzbühel. Il reste en Europe mais en Challenger pour remporter deux nouveaux titres à ce niveau, à San Marin et à Vérone. Mais contrairement à Cerundolo, il traverse tout de même l’Atlantique pour disputer les qualifications de l’US Open. Et c’est une très bonne décision qui permet à Holger Rune de percer médiatiquement après avoir rejoint le tableau final où il prend un set à Novak Djokovic sur le stadium Arthur Ashe. En septembre, il se rend au tournoi de Metz où après être sorti des qualifications, il atteint les quarts de finale. En fin de saison, il dispute encore quelques Challengers et s’impose à celui de Bergame. Comme Cerundolo, Holger Rune dispute les “Next Gen Finals” et il bat d’ailleurs l’Argentin mais termine troisième de sa poule. Le Danois rejoue ensuite quelques Challengers pour assurer sa place dans le tableau final de l’Open d’Australie mais se blesse à Bari. S’il rate de peu sa place dans le Top 100, ce n’est qu’une question de temps. Son énorme progression cette année en fait un des jeunes les plus prometteurs en 2022. Femmes : Emma Raducanu (GBR, 19 ans, 343e -> 19e - 18e “Race”) : Depuis plusieurs années, les observateurs les plus pointus du tennis avaient remarqué le talent d’Emma Raducanu. La Britannique née à Toronto a obtenu pas mal de résultats intéressants lors de son passage dans les catégories de jeunes et nous l’avions d’ailleurs placée parmi nos meilleurs juniors l’an dernier (cf article). Durant le lockdown de l’été 2020, elle avait été sélectionnée par la fédération britannique pour disputer une série de rencontres avec les principales stars du tennis locales (dont la famille Murray). Mais personne n’aurait pu prévoir l’accession fulgurante qui fut la sienne cette année. Essentiellement active sur les tournois locaux en début d’année, tout en poursuivant ses études, Emma Raducanu ne reprend la compétition internationale qu’en juin. Son dernier tournoi officiel était alors un $25.000 dont elle avait atteint la finale en février… 2020 ! Elle n’est donc classée qu’à la 366e place mondiale lorsqu’elle reçoit une invitation pour le tournoi WTA de Nottingham. Et on ne peut pas dire qu’elle s’y montre particulièrement brillante puisqu’elle s’incline en deux manches face à une autre invitée britannique, également classée hors du Top 100. Elle reste ensuite dans la ville du pernicieux shérif pour atteindre un quart de finale dans un gros ITF. Elle obtient alors une invitation pour Wimbledon et c’est là qu’elle marque une première fois les esprits. Elle y domine deux joueuses du Top 50 pour se hisser en huitième de finale, à sa première apparition en Grand-Chelem donc. Son parcours s’achève néanmoins par un abandon. Prise de vertige et peinant à respirer, elle expliquera plus tard avoir fait une crise d’angoisse, rattrapée par l’enjeu. Durant l’été, la Britannique atteint encore un quart en ITF puis reçoit une invitation pour un WTA 125 disputé à Chicago. Elle s’y hisse en finale en dominant notamment Alison Van Uytvanck. Elle ne s’incline finalement qu’en trois sets face à Clara Tauson, une autre grande espoir. Emma Raducanu prend alors part aux qualifications de l’US Open dont elle s’extirpe sans problème. Elle poursuit son parcours, toujours sans perdre de set et en affichant une incroyable décontraction tout au long de ses matchs. Elle surprend Belinda Bencic en quart, puis Maria Sakkari en demi pour atteindre la finale, une première en Grand-Chelem pour une qualifiée homme et femme confondus. Face à l’autre surprise du tournoi, Leylah Fernandez, elle ne loupe pas l’occasion et s’impose en deux sets également au terme d’un match de très haut calibre. Par ce coup de maître, elle devient la plus jeune gagnante d’un Grand-Chelem depuis la victoire de Maria Sharapova à Wimbledon en 2004. Après cet exploit, Emma Raducanu est attendue au tournant. Et le moins que l’on puisse écrire est qu’elle n’a pas trop répondu présente pour l’instant. Sur le court où elle n’a remporté qu’un match lors des trois derniers tournois qu’elle a disputés. Et en dehors après sa décision assez étrange et plutôt inélégante de licencier Andrew Richardson, le coach qui l’a amenée à la victoire en Grand-Chelem. Mais il n’y a là pas de quoi voiler le sourire dont la jeune fille ne se dépare jamais. Avec son jeu et son charisme, elle a tout pour devenir l’une des grandes championnes de la décennie. Liudmila Samsonova (RUS, 23 ans, 127e -> 39e - 37e “Race”) : Longtemps la Russie a été une grande pourvoyeuse de talents côté féminin. Ce sont pas moins de 16 joueuses différentes qui ont atteint le Top 20 entre 1999 et 2015 contre seulement deux lors de ces six dernières saisons. Cette baisse de niveau du tennis féminin dans l’ancien empire (compensée en partie par un tennis masculin en pleine forme) est difficile à expliquer. Toujours est-il que la célèbre école moscovite se cherche une relève. Même si son éclosion est relativement tardive, Liudmila Samsonova en fait certainement partie. Classée 127e mondiale en début d’année, Liudmila Samsonova a été contrainte de passer par les qualifications à l’Open d’Australie. Elle en sort et domine Paula Badosa, alors 70e mondiale mais Top 10 en fin d’année. Au deuxième tour par contre, elle est battue par Garbiñe Muguruza. La Russe dispute encore deux tournois en Australie sans grand succès. On ne la retrouve ensuite qu’à Miami où elle sort également des qualifications puis domine Camila Giorgi et Kiki Bertens, 11e mondiale. Sur terre-battue, elle atteint encore le deuxième tour lors du WTA 500 de Charleston puis à Parme mais elle s’incline au premier tour des qualifications à Rome et à Roland-Garros. Pendant le tournoi parisien, la Russe dispute un ITF de $25.000 et n’y dépasse pas les quarts de finale. Visiblement plus à l’aise sur surface rapide, Liudmila Samsonova réalise la plus belle semaine de sa carrière sur le gazon du WTA 500 de Berlin. Elle y sort des qualifications puis bat successivement Marketa Vondrousova, Veronika Kudermetova, Madison Keys, Victoria Azarenka et Belinda Bencic pour s’adjuger le premier titre de sa carrière. Dans la foulée, la Russe atteint les huitièmes de finale à Wimbledon en battant notamment Jessica Pegula et Sloane Stephens. Elle ne s’arrête que face à Karolina Pliskova, la future finaliste. Son été est bien plus maussade et elle le conclut par une défaite au deuxième tour de l’US Open face à Greet Minnen. Mais en septembre, elle domine à nouveau Belinda Bencic pour se hisser en demi-finale à Luxembourg. En fin d’année, elle dispute une nouvelle demi lors du tournoi de Courmayeur. La Russe est alors sélectionnée pour la phase finale de la Billie Jean King Cup et joue un rôle primordial dans la victoire de son pays. Elle dispute les doubles durant les poules (dont un décisif) puis les simples et apporte même le point de la victoire lors de la finale face à la Suisse. Née dans une petite ville au-dessus du cercle polaire, Liudmila Samsonova déménage en Italie avec ses parents alors qu’elle est encore bébé. C’est d’ailleurs pour le compte de ce pays qu’elle dispute les compétitions juniors avant d’opter pour son pays d’origine à 18 ans. Et avec ce titre lors de la compétition par équipe, on peut dire qu’elle a fait le bon choix. Camila Osorio (COL, 20 ans fin décembre, 186e -> 55e - 47e “Race”) : Maria Camila Osorio Serrano, de son nom complet, fait partie des meilleures joueuses de sa génération (qui compte pourtant de grands talents comme Emma Raducanu, Leylah Fernandez et Clara Tauson). Elle faisait d’ailleurs partie de notre sélection de meilleurs juniors en 2019 (cf article). Numéro un mondiale et gagnante à l’US Open chez les juniors, la Colombienne a rapidement trouvé ses marques sur le grand circuit pour s’approcher désormais du Top 50. A l’Open d’Australie, Camila Osorio s’incline pourtant au dernier tour des qualifications face à Clara Burel, une jeune Française de la même génération. Elle retourne alors sur le circuit ITF et atteint deux quarts de finale dans des $25.000. En mars, elle dispute le WTA 250 de Monterrey où elle sort des qualifications. Elle reçoit ensuite une invitation pour disputer celui de Bogota. Devant son public, elle va se frayer un chemin dans un tableau assez faible jusqu’en finale. Et là, elle prend la mesure en trois sets serrés de Tamara Zidansek, demi-finaliste à Roland-Garros deux mois plus tard. Pas rassasiée par ce premier succès professionnel, la Colombienne atteint encore en demi-finale du WTA 250 de Charleston la semaine suivante. Un mois plus tard, elle se hisse à nouveau dans le dernier carré à Belgrade. En Serbie, elle signe son premier succès sur une Top 50, Shuai Zhang. Elle parvient ensuite à se hisser dans le tableau final de Roland-Garros mais s’incline au premier tour face à Madison Brengle. Joueuse de terre-battue avant tout, Camila Osorio va pourtant réaliser un très beau parcours à Wimbledon. La Colombienne y sort aussi des qualifs et poursuit sa route jusqu’au troisième tour en dominant Ekaterina Alexandrova. La suite de sa saison est nettement plus compliquée. Entre mi-juillet et mi-octobre, la Colombienne ne remporte qu’un match (à l’US Open) et perd d’entrée lors des Jeux olympiques de Tokyo, en qualifications de Cincinnati et dans les tableaux finals de Chicago ou d’Indian Wells. Heureusement, elle met fin à cette triste série lors de son tout dernier tournoi de la saison, à Tenerife. Elle y domine Elina Svitolina et Camila Giorgi avant de s’incliner en finale face à Ann Li. Issue d’une famille de footballeur (son frère, son père et son grand-père ont été joueurs professionnels), la Colombienne est originaire de la même ville que Fabiola Zuluaga, la meilleure joueuse de son pays (16e mondiale en 2005). Elle a également été à la même école et a été suivie par les mêmes entraîneurs. Malgré tout le respect qu’elle lui porte, Camila Osorio a bien l’intention de ne pas rester longtemps dans l’ombre de son aînée. Clara Tauson (DAN, 19 ans fin décembre, 152e -> 44e - 49e “Race”) : Il n’a pas fallu longtemps, après la retraite de Caroline Wozniacki, pour que le Danemark se trouve une nouvelle championne. La jeune Clara Tauson a suivi les traces de son aînée, battant plusieurs de ses records de précocité. Elle est par exemple devenue championne nationale à 13 ans alors que l’ancienne n°1 mondiale l’avait fait à 14. Numéro un mondiale chez les juniors à 16 ans, elle fait ses premiers pas sur le grand circuit trois mois plus tard, en avril 2019 à Lugano. Un an et demi plus tard, Clara Tauson effectuait ses débuts en Grand-Chelem à Roland-Garros. Elle y franchit même le premier tour en prenant la mesure de Jennifer Brady. Classée aux alentours de la 150e place au début de cette année, elle démarre avec un succès en $25.000 à Fujairah, dans les Emirats. Elle dispute ensuite les qualifications de l’Open d’Australie mais y est battue d’entrée. En février, elle remporte un deuxième ITF à Altenkirchen avant de se rendre aux qualifications du tournoi WTA de Lyon. Elle en sort, élimine la tête de série n°1 Ekaterina Alexandrova puis sort encore Camila Giorgi et Paula Badosa pour soulever son premier trophée sur le circuit principal. A 17 ans et trois mois, elle se montre une nouvelle fois plus précoce que Caroline Wozniacki qui avait attendu ses 18 ans pour son premier sacre. Sa saison sur terre est moins bonne, notamment en raison d’une blessure au genou qui la pousse à abandonner en quart à Charleston. A Roland-Garros, elle passe néanmoins une nouvelle fois le premier tour avant d’offrir une belle résistance à Victoria Azarenka. A Wimbledon, par contre, elle a la malchance de tomber d’entrée face à la récente gagnante à Paris, Barbora Krejcikova. Clara Tauson joue peu durant l’été mais s’impose tout de même lors du WTA 125 de Chicago en dominant en finale une certaine Emma Raducanu, gagnante de l’US Open trois semaines plus tard. A New-York, justement, elle perd encore au deuxième tour (contre Ashleigh Barty). Mais deux semaines plus tard, la Danoise s’adjuge un nouveau titre WTA à Luxembourg, dominant une nouvelle fois Alexandrova, puis Jelena Ostapenko en finale. En toute fin de saison, Clara Tauson atteint une dernière finale à Courmayeur. Elle vient à bout de Liudmila Samsonova en demi mais s’incline lors de l’ultime match face à Donna Vekic. Nièce de l’ancien joueur pro Michaël Tauson (101e mondial en 1990), la grande Danoise (1m82) développe un jeu puissant et agressif, très efficace en salle. Un jeu qu’elle a peaufiné en Belgique puisqu’elle s'entraîne depuis deux ans à l’académie Justine Hénin, sous la houlette d’Olivier Jeunehomme. Ana Konjuh (CRO, 24 ans fin décembre, 538e -> 66e - 53e “Race”) : A 24 ans, Ana Konjuh semble avoir déjà vécu plusieurs vies. Gagnante de l’Open d’Australie junior à 15 ans, début 2013, la Croate a fait ses débuts sur le circuit WTA douze mois plus tard et se hissait déjà dans le Top 100 la même année. Cette précocité se poursuit en 2015 puisqu’elle devient la plus jeune gagnante sur le tour depuis 2006 lorsqu’elle s’adjuge le trophée de Nottingham. A l’US Open 2016, elle se hisse en quarts de finale et atteint le Top 20 quelques mois plus tard. Mais cette incroyable trajectoire est brisée par une blessure au coude droit l’année suivante. En septembre, elle décide de se faire opérer. Elle tente plusieurs retours en 2018 et 2019 mais ne peut disputer qu’une poignée de tournois et chute au classement. Ce n’est qu’en septembre 2020 qu’elle peut rejouer sans douleur avec d’abord quelques ITF. En janvier 2021, Ana Konjuh est battue par Marie Benoit lors du $25.000 de Fujairah mais se hisse tout de même au dernier tour des qualifications de l’Open d’Australie. Elle se qualifie ensuite pour le tableau final du WTA 500 de Dubaï mais il faut attendre Miami pour retrouver la Croate à son meilleur niveau. Détentrice d’une invitation, elle domine Madison Keys et Iga Swiatek pour se hisser en huitièmes. Après un quart de finale sur la terre-battue d’Istanbul, elle sort des qualifications à Belgrade et domine notamment Camila Osorio pour se hisser en finale. Elle doit malheureusement abandonner contre Paula Badosa en raison d’une blessure à la hanche. Ana Konjuh dispute néanmoins les qualifications de Roland-Garros la semaine suivante et se hisse dans le grand tableau où elle tombe contre Aryna Sabalenka. Son parcours est identique à Wimbledon et c’est à San José, début août, que la Croate retrouve le Top 100 suite à une demi-finale dans ce WTA 500. A l’US Open, elle est battue au premier tour (par la future finaliste Leylah Fernandez) après être sortie des qualifications pour la troisième fois consécutive en Grand-Chelem. Sa fin de saison est moins brillante avec trois accessions au deuxième tour lors de ses quatre derniers tournois. Le bras droit d’Ana Konjuh connaît des problèmes récurrents. Elle avait déjà été opérée de l’épaule durant ses années junior avant le gros coup d’arrêt de 2017 et les tentatives de retour avortées. En tout, ce sont quatre opérations chirurgicales que la Croate a subi ces dernières années. Elle le sait, son épaule ne sera jamais “normale”. Mais ces années difficiles sont derrière elle et elle compte bien profiter au maximum de ce que son corps voudra bien lui donner. |