C’est avec une semaine de retard que Roland-Garros débutera mais ça n’aura pas d’influence sur le favori qui, sans surprise, sera Rafael Nadal. Novak Djokovic est en embuscade mais sa saison sur terre ne plaide pas en sa faveur. Le danger pourrait peut-être venir de Tsitsipas. Côté féminin, le tableau est ouvert mais Ashleigh Barty, Iga Swiatek, les deux dernières lauréates, et Aryna Sabalenka semblent partir avec une longueur d’avance sur les autres. Vainqueur à treize reprises, Rafael Nadal est un bulldozer sur la terre de la Porte d’Auteuil. Le Court Philippe Chatrier, avec son recul énorme qui favorise le jeu de défense de l’Espagnol n’a aucun secret pour lui. Sur cette surface et sur la longueur des cinq sets, il est quasiment imbattable. En fait, deux hommes seulement y sont parvenus en 17 ans. C’est dire si la tâche est ardue. En septembre dernier, il avait réussi à s’imposer sans perdre un set alors qu’il n’avait que trois matchs de préparation dans les jambes. Cette fois, sa préparation est bien plus solide avec certes des défaites en quart à Monte-Carlo et Madrid mais aussi deux nouveaux succès à Barcelone et à Rome. Il faudra un véritable exploit pour l’empêcher de brandir le trophée une quatorzième fois et se retrouver seul en tête du nombre de titres en Grands-Chelems (21). Il y a 8 mois, lors de l’édition 2020 disputée exceptionnellement en septembre, Novak Djokovic faisait figure de favori n°1 pour le titre. Invaincu depuis le début de la saison, il abordait le tournoi avec le moral gonflé à bloc. Et pourtant, il s’est totalement écroulé lors de la finale. Depuis, le Serbe n’a plus vraiment paru dominateur, même s’il a tout de même été chercher un 18e titre majeur à Melbourne. Sa préparation n’est pas très convaincante non plus. Il a subi des défaites inhabituelles pour lui face à Evans à Monte-Carlo ou Karatsev à Belgrade. Il s’est toutefois repris pour atteindre la finale à Rome, seulement battu en trois sets par Nadal, et pour s’imposer lors d’une deuxième épreuve à Belgrade. Même si on peut compter sur lui pour saisir sa chance si elle passe à portée de sa raquette, la confiance n’est pas de son côté. Le tirage au sort les a placés dans la même partie de tableau, ce qui pourrait tout de même donner un petit avantage au Serbe d’un point de vue psychologique. Car lors des finales, le Majorquin est encore plus difficile à battre. Et ce tirage pourrait bien faire les affaires du troisième favori, Stefanos Tsitsipas. Depuis le début de l’année, le Grec semble avoir trouvé la stabilité et les résultats ont suivi avec notamment une demi à Melbourne (où il a pris la mesure de Nadal en cinq sets !) et un premier titre en Masters 1000 à Monte-Carlo. Par la suite, il est passé tout près de battre à nouveau l’Espagnol en finale à Barcelone et Djokovic en quart à Rome. C’est la preuve qu’il est tout près des deux hommes aujourd’hui, même si la dernière marche vers le sommet est toujours la plus haute à gravir. Il sera sûrement ravi s’il doit affronter en finale le vainqueur d’un duel harassant entre les deux monstres de la décennie passée. Zverev en quatrième homme Avec sa finale à l’US Open et au Masters 1000 de Paris, Alexander Zverev a été un des hommes de la fin d’année 2020. Cette saison, même s’il ne s’est pas toujours montré très régulier, il a tout de même atteint les quarts à Melbourne et s’est imposé à Acapulco et surtout à Madrid. A cette occasion, il s’est même offert le scalp de Nadal sur ses terres. S’il ne perd pas trop d’influx en route, il sera un danger pour les favoris. Andrey Rublev est certainement le joueur qui a le plus progressé depuis la suspension du circuit lors de la crise sanitaire. Il s’est montré d’une grande constance jusqu’au mois d’avril où il a encore atteint la finale à Monte-Carlo. Par la suite, ses résultats ont été moins bons, la terre n’étant sans doute pas sa meilleure surface. Mais il est certainement capable de se hisser en quart où il pourrait offrir une belle résistance à Nadal. S’il faut miser sur une surprise, Casper Ruud semble être le bon cheval. Vrai spécialiste de la terre, le Norvégien a vraiment explosé depuis le début du printemps avec des demi-finales à Monte-Carlo, Munich et Madrid suivies d’un titre à Genève. Gare à lui. Demi-finaliste à Paris en 2016 et 2017 puis finaliste les deux années suivantes, Dominic Thiem s’est arrêté en quart l’an dernier. Et cette défaite lui a semble-t-il coupé les jambes. S’il a encore atteint la finale des Masters par la suite, il n’est plus que l’ombre de lui-même depuis le début de la saison. Il serait donc très surprenant de le voir jouer les premiers rôles. Idem pour Daniil Medvedev, malgré sa deuxième place mondiale. Homme fort de la fin 2020, le Russe a encore atteint la finale à Melbourne mais ses résultats depuis le début de la saison sur terre sont catastrophiques. Enfin, Roger Federer sera bien présent à Paris mais c’est avant tout pour essayer d’engranger quelques succès avec Wimbledon et les J.O. en ligne de mire. Le titre à Roland-Garros est hors de portée du Suisse. Plusieurs autres joueurs seront des adversaires coriaces lors de ce tournoi, sans pour autant pouvoir prétendre au succès final. Diego Schwartzmann avait épaté la galerie lors de la précédente édition en se hissant en demi après un marathon contre Thiem. Ses résultats depuis le début de la saison sont toutefois un peu décevants. Vainqueur à Belgrade et finaliste à Madrid, Matteo Berretini arrive en confiance à Paris et pourrait créer la surprise. On peut aussi citer les toujours très solides Roberto Bautista Agut et Pablo Carreno Busta. Ainsi que la révélation du début de saison, le Russe Aslan Karatsev, demi-finaliste à Melbourne et vainqueur à Dubaï. Il est sans doute moins à l’aise sur terre mais il a tout de même dominé Djokovic à Belgrade. Chez les plus jeunes, les yeux seront tournés vers deux Italiens : Jannik Sinner et Lorenzo Musetti. Le premier avait déjà donné quelques sueurs froides à Nadal lors de la dernière édition du tournoi et l’Espagnol était vraiment content de s’en être sorti en trois sets. Les deux hommes pourraient bien se retrouver en huitièmes de finale. Avec son jeu de métronome puissant et extrêmement précis déjà à seulement 19 ans, il est promis à un grand avenir. Le second, plus fantasque et virevoltant, a explosé depuis l’été dernier avec un bond de plus de 200 places au classement. Il est sans doute un peu tôt pour le voir atteindre les quarts mais il peut faire des dégâts dans son tableau. Dans cette génération, on suivra aussi de près les Espagnols Alejandro Davidovich Fokina et le très jeune Carlos Alcaraz qui fera ses débuts très attendus dans le tournoi. Huitième de finaliste l’an dernier, Sebastian Korda a remporté samedi son premier titre à Parme et est donc en forme lui aussi mais il devra affronter Tsitsipas dès le deuxième tour. L’armada française est toujours impressionnante sur ses terres et réalise généralement de bonnes prestations avec le soutien d’un public très chaud. Mais si le nombre sera toujours là, la qualité n’est plus franchement au rendez-vous. Gael Monfils sera le leader au classement avec une place de 14e tête de série mais c’est surtout dû au semi-gel du classement car ses résultats sont incroyablement faibles (1 victoires en cinq matchs cette saison). Le jeune Ugo Humbert était une des révélations de 2020, ce qui lui permet de se coiffer de la 29e tête de série mais ses résultats cette année ne confirment pas ses belles dispositions. La génération des Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet et Gilles Simon n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut et ce n’est certainement pas de Benoit Paire qu’on peut attendre un résultat. Trois joueuses pour un titre Dans le tableau féminin, trois joueuses semblent au-dessus du lot sur terre-battue. La numéro un mondiale Ashleigh Barty, qui avait préféré ne pas disputer le moindre match après mars 2020 pour se mettre à l’abri du covid, a rapidement retrouvé ses marques cette année. Après un succès à Miami, elle s’est aussi imposée à Stuttgart et ne s’est inclinée qu’en finale à Madrid. A Rome, elle a toutefois été contrainte à l’abandon en quart. Hormis cette blessure au bras droit, qui devrait être guérie après deux semaines de soins, tous les voyants sont au vert pour l’Australienne qui pourra démontrer ses qualités de terrienne comme elle l’avait fait avec succès il y a deux ans. Son absence pour défendre son titre en septembre avait permis à Iga Swiatek d’aller décrocher son tout premier succès majeur avec une étonnante facilité puisqu’elle n’avait pas perdu de set. Plus discrète en début d’année, elle a débuté sa préparation sur terre par une défaite en huitièmes de finale à Madrid, face à Barty justement. Elle s’est bien reprise en s’imposant à Rome après un parcours un peu poussif en début de semaine mais conclut par un humiliant double 6/0 face à Karolina Pliskova en finale. A Paris, elle devra faire face à la pression de la défense d’un premier titre, toujours très compliquée à supporter. Mais elle est tout de même attendue en demi-finale contre Barty. Depuis la précédente édition où elle s’était inclinée au troisième tour, Aryna Sabalenka a pris une toute autre dimension, passant de la 12e à la 4e place en huit mois. Entre la fin de la saison 2020 et le début de celle en cours, elle a remporté trois titres consécutivement et a démontré de belles qualités sur terre en atteignant la finale à Stuttgart avant de s’imposer à Madrid. Si elle s’est inclinée en trois sets contre Barty en Allemagne, elle a pris la mesure de l’Australienne en Espagne. Même si elle a été battue prématurément à Rome, sa force de frappe la place parmi les principales favorites. Au contraire de Simona Halep, blessée au mollet gauche à Rome, plusieurs autres grands noms seront bien présents à Paris mais avec des ambitions mesurées. A commencer par Naomi Osaka, gagnante des deux derniers Grand-Chelems sur dur mais franchement beaucoup moins à l’aise sur terre. Elle n’a remporté qu’un seul match lors de ses deux tournois de préparation et ses résultats sur la surface ocre lors des saisons précédentes ne sont guère plus brillants. Sofia Kenin, finaliste en 2020 neuf mois après avoir remporté l’Open d’Australie, est aussi à la recherche de son meilleur niveau. Depuis sa défaite au deuxième tour de Melbourne cette année, elle n’a remporté qu’un seul match. Avec seulement quatre tournois joués cette saison, Serena Williams arrive à Paris à court de match. Et ce n’est pas sur terre qu’elle pourra compter sur ses capacités naturelles pour faire un bon résultat. Victoria Azarenka n’a disputé qu’une épreuve de plus et sans gros résultats non plus. Elle ne peut donc pas plus prétendre à un statut de favorite. Parmi les joueuses qui peuvent créer quelques surprises, Garbiñe Muguruza tient la corde. L’Espagnole a remporté le tournoi en 2016, puis Wimbledon l’année suivante mais elle souffle le chaud et le froid depuis trois ans. Elle avait plutôt bien débuté l’année avec de belles performances sur dur mais lors de sa préparation sur terre, elle a un peu calé. Elle n’en sera pas moins un danger, notamment pour Swiatek qui doit se la coltiner en huitièmes. Elina Svitolina joue généralement bien sur terre comme le prouvent ses deux succès à Rome. Mais elle n’a jamais connu la même réussite à Paris où elle a calé trois fois en quart de finale. Les Tchèques Petra Kvitova et Karolina Pliskova sont des valeurs sûres du circuit mais sont plutôt inconstantes sur terre. Parmi les nouveaux visages du circuit, Veronika Kudermetova pourrait bien se frayer un chemin assez loin dans un tableau où elle ne rencontrera pas de top favorite. Elle se débrouille plutôt bien sur terre et a pris pas mal de confiance en remportant le tournoi de Charleston. La finaliste de l’Open d’Australie, Jennifer Brady n’a pas trop confirmé depuis mais elle a l’expérience des grands rendez-vous. La Grecque Maria Sakkari ou la Tunisienne Ons Jabeur seront aussi des joueuses à surveiller. Et puis il y a la toute jeune Coco Gauff qui a démontré, avec une demi à Madrid (avec victoire contre Sabalenka) et un titre à Parme, qu’elle pouvait aussi très bien jouer sur terre. A 17 ans, elle est peut-être sur le point de franchir un nouveau cap. Elise, notre meilleure chance Et dans cette liste, on peut également ajouter Elise Mertens. Depuis le retour du circuit l’été dernier, la Limbourgeoise fait partie des 5 ou 6 meilleures joueuses du monde. Bien sûr, c’est surtout sur les surfaces dures qu’elle excelle. Mais elle a tout de même réalisé une très bonne préparation en atteignant la finale à Istanbul et en dominant Simona Halep à Madrid. Malheureusement, en quart de finale du tournoi espagnol, elle a été contrainte à l’abandon en raison d’une douleur à la cuisse. Elle a hérité d’un tableau plutôt jouable donc, si son physique tient, elle pourrait rejoindre les quarts de finale. Elle disputera également le double en tant que première tête de série avec sa nouvelle partenaire Su-Wei Hsieh. On ne peut pas vraiment dire que la préparation d’Alison Van Uytvanck soit idéale. Blessée durant l’hiver, elle n’a fait son retour que pour les qualifications du tournoi de Madrid et a aligné quatre défaites depuis lors. Franchir le premier tour serait déjà une très bonne nouvelle pour elle. Comme à l’Open d’Australie, Greet Minnen a réussi à sortir des qualifications et, comme à Melbourne, elle retrouvera Petra Kvitova au premier tour du grand tableau. Un tirage extrêmement compliqué donc mais elle doit y croire. La Tchèque est plutôt inconstante cette année et elle est sur sa moins bonne surface. On a cru que David Goffin avait retrouvé sa confiance perdue avec le retour de la terre-battue. Il a en effet commencé sa préparation par un quart de finale à Monte-Carlo avec une très belle victoire sur Zverev. Mais une blessure survenue ensuite à Barcelone l’a brisé dans son élan et ses sorties suivantes ont été plutôt poussives. Difficile d’imaginer le voir en deuxième semaine dans pareilles conditions, d’autant qu’il devra se coltiner d’entrée Lorenzo Musetti, l’un des jeunes joueurs en pleine confiance Sander Gille et Joran Vliegen débuteront aussi le tournoi sans grands repères. Notre duo n°1 a dû abandonner lors du tournoi de Parme en raison d’une blessure au genou de Joran. Le contre la montre est lancé pour le remettre sur pieds avant le début du Grand-Chelem parisien. Après avoir enfin soulevé son premier trophée majeur à Melbourne, Joachim Gérard tentera d'enchaîner à Roland-Garros. Le circuit du tennis en fauteuil étant presque à l’arrêt en raison de la crise sanitaire, il n’a disputé que quatre rencontres depuis l’Open d’Australie. Difficile donc d’évaluer ses chances dans ce difficile exercice des tournois du Grand-Chelem qui démarrent dès les quarts de finale et où il n’y a donc pas de tour de chauffe. |