Comme pour tous les Grands-Chelems depuis deux ans (à l’exception de Roland-Garros), Roger Federer sera l’homme à battre de la grande quinzaine australienne qui débute lundi. Le tableau féminin, au contraire, n’a jamais été aussi ouvert. Ce statut d’archi-favori, Federer le doit bien sûr à son propre talent et à la bonne forme physique affichée la semaine passée à Doha (où il s’est imposé facilement). Mais il le doit aussi à la méforme de ses principaux rivaux. Plusieurs d’entre eux ne feront même pas le déplacement. Le numéro deux mondial Rafael Nadal, le tenant du titre Marat Safin et le quadruple vainqueur Andre Agassi ont déjà renoncé en raison des blessures diverses (respectivement pied, cheville et genou) qui les ont tenus éloignés des courts ces derniers mois. Andy Roddick, n° 3 mondial, s'est dit bien préparé après sa victoire hier au tournoi exhibition de Kooyong. Il n'y a toutefois pas rencontré de joueurs du Top 20. De plus, depuis un an, il semble marquer le pas dans sa progression et connaît de plus en plus de difficultés face aux meilleurs. Lleyton Hewitt, n° 6, aura bien besoin du soutien du public. Absent du circuit depuis septembre pour cause de paternité, il est loin d'avoir réussi sa rentrée, s'inclinant au deuxième tour à Adélaïde et en quart à Sydney. Il risque de manquer de matchs s'il veut aller au bout. Cinq Belges dans le tableauLes principaux rivaux de Federer pourraient donc être des joueurs au palmarès encore vierge de tout Grand-Chelem, à commencer par David Nalbandian et Ivan Ljubicic. L'Argentin, qui a battu le n° 1 mondial en finale des Masters il y a deux mois et occupe aujourd'hui la 4e place, a souvent posé pas mal de problèmes au Suisse dont il fut longtemps la bête noire. Sa victoire dans le «tournoi des Maîtres» lui a enfin donné confiance en ses capacités et en ses chances de remporter une des quatre épreuves majeures. Révélé en fin de saison par ses finales aux Masters Series de Madrid et Paris et par deux titres à Vienne et Metz (sans compter la Coupe Davis), Ljubicic a bien débuté sa saison en s'imposant à Chennaï. Il n'a toutefois jamais réussi en Grand-Chelem jusqu'ici. D'autres outsiders pourraient créer la surprise comme le Russe Davydenko, 5e mondial et quart de finaliste à Melbourne il y a douze mois, ou l'Américain Blake, vainqueur hier à Sydney. Il faudra aussi tenir à l'oeil la jeune génération qui a marqué l'année 2005 : Richard Gasquet, Gaël Monfils, Tomas Berdych, Andrew Murray ou Novak Djokovic. Côté belge, il faut noter la participation au tableau final de cinq de nos garçons, une première à l'Open d'Australie. Tout le monde se souvient du fabuleux parcours d'Olivier Rochus il y a douze mois. Son statut de tête de série devrait pouvoir lui permettre de passer à nouveau au moins deux tours mais il sera attendu au tournant. Xavier Malisse n'a pas hérité d'un tirage évident avec une succession probable de matchs contre Youzhny, Thomas Johansson et Berdych. Que dire alors du coup du sort qui a forcé Christophe Rochus et Kristof Vliegen à s'affronter d'entrée. Le premier a toujours bien joué à Melbourne mais c'est le second qui a été le plus performant ces dernières semaines. Dick Norman est plus heureux puisqu'il affrontera le qualifié américain Zack Fleishman. Pas de favoriteDans le tableau féminin, la situation est totalement différente puisqu'une douzaine de joueuses peuvent prétendre à la victoire finale mais qu'aucune ne se détâche. Si l'on regarde le palmarès de 2005, on s'aperçoit que les quatre vainqueurs de Grand-Chelem, la gagnante des Masters et la n°1 mondiale sont six joueuses différentes. Une telle diversité n'a connu aucun précédent dans l'histoire du tennis féminin. Ce qui rend cet Open d'Australie exceptionnel est la présence de toutes les meilleures mondiales. Depuis trois ans, les blessures ont empêché les meilleures d'atteindre leur plus haut niveau au même moment. Kim Clijsters et Maria Sharapova ont bien connu des petits couacs dans leurs préparations mais elles devraient pouvoir s'aligner. Difficile dès lors de sortir une joueuse du lot. La n° 1 mondiale, Lindsay Davenport est toujours aussi redoutable mais elle court après une victoire en Grand-Chelem depuis 6 ans. Kim Clijsters, impressionnante l'été passé, sera également difficile à battre si toutefois la gène au dos qu'il l'a contrainte à abandonner à Sydney la laisse tranquille. Justine Hénin-Hardenne est arrivée en Australie dans l'inconnue totale après des déboires physiques qui ne lui ont permis de jouer que trois tournois depuis Roland-Garros. Elle s'est tout de suite rassurée en s'imposant à Sydney avec la manière. Maria Sharapova traine une blessure depuis plusieurs mois et devra d'abord retrouver le rythme avant d'afficher ses prétentions. Sa compatriote Elena Dementieva cherche toujours son premier titre du Grand-Chelem. Sa superbe finale en Fed Cup l'année passée lui aura peut-être donné la force mentale qui lui fait souvent défaut. Une autre joueuse se retrouve dans la même position : Amélie Mauresmo. Souvent placée mais trop fragile pour remporter un grand titre, elle aura peut-être pris conscience de ses capacités grâce à sa victoire au Masters. L'autre chance française, Mary Pierce, a retrouvé son meilleur niveau et atteint trois grandes finales l'an dernier. Elle estime maintenant pouvoir viser la première place mais devra pour cela remporter un Grand-Chelem. Le retour de la "Swiss Miss"Où en seront les soeurs Williams dans deux semaines ? Elles ne font plus vraiment les gros titres sur le circuit depuis plusieurs mois mais sont toujours capables d'un exploit ponctuel comme l'a prouvé Venus à Wimbledon ou Serena, dans la Rod Laver Arena, il y a douze mois. A ces neuf favorites, il convient d'ajouter certaines joueuses qui auront le rôle d'outsiders et pourraient même aller jusqu'au bout. Anastasia Myskina et Svetlana Kuznetsova l'ont déjà fait en 2004. Pour Nadia Petrova, Patty Schnyder ou Francesca Schiavone, ce serait une première. Mais elles ont toutes le niveau pour réussir l'exploit. La nouvelle génération sera très attendue également, en particulier Nicole Vaidisova, déjà seizième mondiale à seize ans seulement, et Ana Ivanovic. Face à tant de favorites, que pourra faire Martina Hingis ? L'ancienne n°1 mondiale jouera à Melbourne son premier Grand-Chelem depuis l'US Open 2002. Se mêler à la lutte pour le titre est donc assez peu probable mais elle a prouvé, en atteignant la demi-finale à Gold Coast, qu'elle pouvait tenir sa place face à des joueuses du Top 30. |