Il est coutumier de désigner les années 50 par cette appellation tant les exploits de Philippe Washer et de Jacky Brichant, en Coupe Davis surtout, ont donné une dimension internationale au tennis belge. Il faut pourtant réviser ce point de vue : l’âge d’or du tennis belge, c’est aujourd’hui !
Justine Henin-Hardenne - © Paul Zimmer La preuve par les chiffres : le sacre de Xavier Malisse et d'Olivier Rochus lors de l’épreuve de double de Roland-Garros était le huitième titre du Grand Chelem remporté par un de nos représentants en un an. Justine Hénin avait ouvert le bal 365 jours plus tôt en devenant la toute première Belge à remporter un titre chez les adultes (la Belgique « détenait » déjà 11 titres mais seulement dans les catégories juniors dont 9 en double !), imitée le lendemain par Kim Clijsters qui remportait l’épreuve de double. Dès lors, les succès vont s’enchaîner. Deux autres à Wimbledon (Kim en double et Kirsten Flipkens en junior) encore deux à l’US Open (Justine et Kirsten), le simple dames à l’Open d’Australie et donc le double messieurs à Roland-Garros. Avec huit victoires, la Belgique est le pays le plus titré sur ces cinq derniers Grands Chelems devant les USA (6) et la France et l’Espagne (5). Mieux, aucune autre nation n’a remporté au moins une épreuve dans l’un des cinq derniers Grands Chelems. Au moins en huitième depuis 4 ans ! Samedi 29 mai vers 21 heures, Albert Costa et Xavier Malisse sont renvoyés au vestiaire à 5 partout au 4e set à cause de l’obscurité. Quelques minutes plus tôt, le catalan avait pourtant obtenu une balle de match qui aurait causé une petite révolution pour le tennis belge. En effet, la dernière fois qu’aucun de nos représentants ne se trouvait en huitièmes de finale d’un Grand Chelem en simple (homme ou femme) remonte à Roland-Garros… 2000 ! Cette année là, aucun belge n’avait même dépassé le deuxième tour. Mais le quatrième tour atteint par Sabine Appelmans à Wimbledon la même année allait être le premier d’une longue série de 16 Grands Chelems consécutifs avec au moins un Belge à ce stade (et parfois beaucoup plus loin !). Filip Dewulf © Belgian Tennis Fans En fait, la progression des Belges depuis 25 ans est assez constante. Si aucun de nos joueurs n’a atteint les huitièmes de finale dans les années 80, ils ont réalisé cette performance cinq fois (dont trois fois pour la seule Sabine Appelmans) de 1990 à 1994. Entre 95 et 99, à 13 reprises un Belge au moins était en huitièmes et, pour la première fois, certains d’entre eux dépassaient ce stade (quatre quarts de finale et évidemment, la demi de Dewulf à Roland-Garros). Depuis le passage à l’an 2000, le Roland-Garros de cette année-là fut le seul « bug » de notre tennis national puisque 17 des 18 tournois du Grand Chelems ont vu un belge atteindre le 4e tour et même aller plus loin à onze reprises ! Hors Grand Chelem aussi Cette évolution ne s’est d’ailleurs pas marquée que dans les tournois majeurs. Si on regarde le nombre de finales atteintes sur le circuit, tant chez les hommes que chez les femmes, la progression est étonnante : deux perdues de 85 à 89 (Sandra Wasserman toutes les deux) ; dix finales dont cinq remportées (toutes par Sabine Appelmans) de 90 à 94 ; 23 finales dont 10 titres entre 95 et 99 ; 38 tournois remportés et 33 finales perdues depuis l’an 2000 ! Bien sûr, la plupart de nos titres ont été acquis sur le circuit WTA. Appelmans et Monami dans un premier temps, Clijsters et Hénin ensuite, nous ont apporté 50 des 53 trophées belges. Mais la progression des garçons, si elle a commencé plus tard, s’est emballée ces dernières années (une seule finale avant 95, quatre entre 95 et 99 et huit depuis l’an 2000). En fait, la dernière année où aucun joueur du plat pays ne s’est qualifié pour une finale de l’ATP est 1996 ! Et demain ?On aimerait évidemment que cette progression se poursuive encore longtemps. Pourtant, de nombreux spécialistes tirent la sonnette d’alarme en raison du manque de moyens accordés non seulement à la formation des jeunes mais également, et c’est très important, à la formation d’entraîneurs de qualité internationale. Les organisateurs de tournois connaissent beaucoup de difficultés pour boucler leurs budgets et les interclubs, tout comme le championnat de Belgique ne font pas recette. Autant de signaux qui incitent à la plus grande prudence quant à l’avenir de notre tennis professionnel. Pourtant tous les belges, fans de tennis de longue date ou récemment convertis grâce à Justine et Kim, espèrent voir nos stars briller le plus longtemps possible dans les tournois du Grand Chelem, à commencer par celui de Wimbledon qui commence lundi. Souhaitons que les instances fédérales, comme les centres privés profitent un maximum de l’engouement tennistique généré par cette génération dorée. Frédéric M. |