Autre lieu, autres visages, le tournoi de Wimbledon qui débutera lundi sera, à coup sûr, très différent de celui de Roland-Garros. Les Espagnols et les Sud-américains y brilleront peu voire pas du tout alors que les attaquants vont enfin pouvoir démontrer leurs qualités. Si la première balle est une arme redoutable sur gazon, celui qui est capable de relancer efficacement les meilleurs services a, lui aussi, toutes les chances de s'imposer à Wimbledon. Malgré ses 33 ans, André Agassi reste le meilleur relanceur du monde et est donc, à ce titre, le favori n° 1 du tournoi. La rapidité des échanges sur gazon devrait lui permettre de ne pas s'épuiser trop pendant la première semaine comme à Paris. Côté relance, Lleyton Hewitt n'est pas non plus un manchot. Le tenant du titre a déjà prouvé ses qualités sur la surface. En plus de sa victoire l'année passée, il a remporté trois fois le Queen's et une fois s'Hertogenbosch, ce qui fait de lui le joueur actuel le plus titré sur gazon. Mais ces derniers mois ont été plutôt moyens pour lui et sa prestation au Queen's fut également médiocre. Or, ce tournoi est capital dans la perspective de la lutte pour la place de numéro 1 mondial. On compare souvent Roger Federer à Pete Sampras pour l'impression de facilité qu'il dégage et la palette des coups qu'il est capable de produire. Ca se confirme surtout sur herbe où le Suisse est très à l'aise. Sa victoire sur Pistol Pete sur le Center Court le plus célèbre du monde il y a deux ans ressemblait d'ailleurs à s'y méprendre à une passation de pouvoir. Depuis 2001, il a remporté 19 matchs sur cette surface pour seulement six défaites. Son premier titre dans un "Major", tant attendu, sera peut-être pour le 4 juillet prochain. Won on the 4th of JulyUne statistique, plus amusante que pertinente, montre que les trois dernières fois où la finale s'est déroulée le jour de la fête nationale américaine (comme ce sera le cas cette année), correspondent aux trois dernières finales 100% US ! C'était le cas en 1982 alors que Jimmy Connors battait John McEnroe, ainsi que lors des victoires de Sampras sur Courier (93) et sur Agassi (99). Le "kid de Las Vegas" pourrait bien à nouveau y être et il ne serait pas si étonnant qu'il y affronte son compatriote Andy Roddick. Le jeune Américain a perforé le gazon du Queen's avec ses services canons (dont un à 239,7 km/h, le record !). S'il pratique un tennis aussi "monstrueux" du côté de Church Road, ils ne seront pas beaucoup à pouvoir l'arrêter. Deux autres de ses compatriotes pourraient aussi causer quelques dégâts dans le tableau, il s'agît de James Blake, souvent à l'aise sur herbe, et de Taylor Dent dont le service n'a rien à envier à celui de Roddick. Ils semblent tout de même encore un peu "juste" pour atteindre la finale mais qui sait ? Les spectateurs, en tout cas, n'auront à nouveau d'yeux que pour Tim Henman. Quatre fois demi-finaliste ces cinq dernières années, le Britannique a, à chaque fois, déclenché l'hystérie dans un stade d'habitude plutôt sérieux. Blessé la saison passée, son retour à la compétition a été plutôt laborieux (deux matchs gagnés sur ses six premiers tournois) avant de se reprendre petit à petit en passant deux tours à Hambourg et Roland-Garros puis d'atteindre la demi-finale du Queen's. Sur le gazon qui lui réussit tant (mais où il n'a encore jamais remporté un seul titre) et devant son public, il devrait trouver la motivation nécessaire pour atteindre à nouveau son meilleur niveau. Greg Rusedski sera également très motivé et encouragé par les fans anglais. Après deux années marquées par des blessures, il vient lui aussi de reprendre la compétition et aura une envie de gagner décuplée. Les "wild-cards" anglaises sont d'habitude peu redoutables. Ils sont même souvent considérés comme "le tirage idéal" pour les joueurs qu'ils doivent affronter au premier tour. Attention toutefois à Alex Bogdanovic, seulement 350è mondial, mais qui a réalisé quelques exploits depuis le début de la saison sur gazon (il vient notamment de battre Jan-Michael Gambill à Nottingham). Il n'a que 19 ans et pourrait bien symboliser la relève du tennis anglais. Les outsidersEn atteignant la finale au Queen's, battant au passage Hewitt et Roddick, Sébastien Grosjean s'affirme comme un des principaux outsiders. La blessure qui a gâché sa saison sur terre-battue semble oubliée. Avec lui, c'est toute une génération de joueurs français, tous capables de tirer leur épingle du jeu sur herbe, qu'il faudra surveiller. Nicolas Escudé (quart de finaliste en 2001), Arnaud Clément (en huitième ces deux dernières années, finaliste à Rosmalen en 2002 et demi-finaliste à Halle la semaine passée) ou même Fabrice Santoro (finaliste à halle en 2001) seront à surveiller. D'autres joueurs se sont fait une spécialité du jeu sur gazon ces dernières années. A commencer par le Néerlandais Sjeng Schalken, quart de finaliste l'année passée ou le Thaïlandais Srichaphan, vainqueur d'Agassi l'année passée. Le Russe Youzhny est également à l'aise sur herbe et l'Argentin Nalbandian, finaliste l'année passée, devra "faire quelque chose" pour prouver que son parcours de l'an dernier n'était pas un hasard. Les Australiens Philippoussis et Arthurs, le Brésilien Sa et le Croate Ancic ont également les armes pour aller loin. Les héros de RolandL'enchaînement entre la terre-battue et le gazon est toujours un peu difficile à négocier et il est de plus en plus rare de voir un joueur briller à la fois à Paris et à Londres un mois plus tard. Cette édition ne devrait pas échapper à la règle car il serait étonnant de voir un des quatre demi-finalistes de Roland-Garros (Costa, Ferrero, Verkerk et Coria) faire un long parcours à Wimbledon. Même le Hollandais, dont le jeu est pourtant tourné vers l'avant, ne semble pas à l'aise sur herbe puisqu'il a perdu hier... le tout premier match de sa carrière sur cette surface. Pendant longtemps, les Belges ont eu pour habitude de prendre ce tournoi un peu comme des vacances tant ils étaient certains que leur jeu ne s'adapterait jamais au gazon. Mais le merveilleux parcours de Xavier Malisse l'année dernière et les bonnes performances d'Olivier Rochus sur cette surface ont changé la donne et Wimbledon est maintenant pris très au sérieux dans notre pays. X-Man pourrait bien être à nouveau notre meilleur représentant d'autant qu'il a retrouvé la confiance qui l'avait fui en début d'année. Malheureusement, son tableau est des plus difficile (voir Derniers échos). Olivier Rochus a un tableau plus à la mesure de ses capacités, ce qui n'est pas vraiment le cas de son frère Christophe qui, s'il passe le premier tour, pourrait affronter Federer. Enfin, Dick Norman et Gilles Elseneer semblent bien
partis pour se qualifier pour le tableau final, ce qui nous ferait
cinq représentants, un record. En espérant que l'un
d'entre eux pourra poursuivre l'aventure le plus loin possible, afin
que, pour une fois, les Belges n'aient plus les yeux tournés
exclusivement vers le tableau féminin dès l'entame de
la deuxième semaine.
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